Les paiements internationaux vont plus vite d’Est en Ouest, à cause des fuseaux horaires, et le dollar domine encore, y compris dans les transactions des entreprises françaises. Tels sont les principaux enseignements de la première étude réalisée par IbanFirst sur la base des informations remontées depuis le début de l’année par sa solution de suivi Payment Tracker. Décryptage des résultats de cette étude par Bertrand Godin, Head of operations & correspondent banking chez IbanFirst.
Suivre ses règlements internationaux comme on le ferait d’un colis, c’était la promesse que faisait IbanFirst en début d’année en lançant sa solution Payment Tracker, basée sur le suivi de paiements Swift global payment innovation (gpi.). Quelques mois plus tard, la Fintech a faire une première étude des tendances remontées par cette solution, à partir de 24 096 paiements hors zone Sepa, traités par ses services pour un échantillon de 1 224 clients français.
« Jusqu’à présent, il était bien difficile voire impossible de savoir quand une banque recevait un paiement, car souvent plus d’un acteur intervient dans la chaîne, en dehors des établissements émetteurs et destinataires », explique en préambule Bertrand Godin, head of operations & correspondent banking chez IbanFirst. « Quelques mois après le lancement de cette offre, le retour du marché est positif. Avec le Payment Tracker, nos clients n’ont plus ce stress de savoir où en est leur transaction, si leur fournisseur a été payé ou pas ou si l’argent est bloqué dans une banque intermédiaire. C’est une information clé lorsqu’on fait des virements à l’international. », affirme Bertrand Godin.
Une grande partie des clients d’IbanFirst sont des PME qui réalisent entre 200 000 euros de change par an jusqu’à plusieurs dizaines voire centaines de millions d’euros sur une base annuelle. Elles gèrent elles-mêmes leurs comptes en euros et délèguent à IbanFirst leurs opérations internationales.
Le Payment Tracker s’applique aux paiements internationaux uniquement. Les opérations locales sur les marchés domestiques, comme un virement Sepa en euros d’un compte client vers une banque française ou un établissement bancaire européen, ne sont pas éligibles à ce service.
De l’importance d’un bon timing de paiement
L’étude montre qu’en moyenne, une à deux banques interviennent sur une opération de paiement. Mais sur des devises exotiques, cela peut monter à six selon l’expert. Les informations sur les délais précis d’exécution des paiements internationaux étaient aussi un peu floues : de quelques heures à quelques jours dans certains cas d’après les remontées des clients.
D’expérience, l’entreprise savait déjà que quand l’argent voyage d’Est en Ouest, cela va en général plus vite en raison des fuseaux horaires., ce qui n’est pas toujours le cas dans le sens inverse « Un paiement passé à 13h sera réceptionné tôt le matin aux Etats-Unis, alors qu’en Chine, on se rapproche de la fin de journée ou bien la soirée est déjà bien entamée. Le virement sera donc reçu le lendemain dans bien des cas. », explique Bertrand Godin.
Les paiements faits vers les Etats-Unis entre 13h et 17h du mardi au vendredi garantissent de meilleures conditions de traitement en termes de rapidité, tandis que ceux vers l’Asie sont plutôt à réaliser entre 8h et 10h du mardi au jeudi.
Assurer la compliance des opérations
La visibilité accrue offerte par cette technologie est à double tranchant : si un paiement est bloqué en cas de soupçon de blanchiment de capitaux, le système bancaire voit que l’argent n’est pas injecté dans le circuit.
Mais la Fintech assume le choix de cette transparence supplémentaire, qui contribue aussi à fluidifier la relation commerciale. Une PME qui attend le déclenchement d’une livraison de son fournisseur hongkongais peut voir tout de suite quand son partenaire asiatique a perçu son argent et lui demander en contrepartie de débloquer au plus vite l’expédition de la marchandise.
La solution Payment Tracker permet aussi d’éviter les cas de fraudes aux bénéficiaires. L’entreprise qui paye peut ainsi réagir plus rapidement en cas de problèmes.
Autre intuition que l’étude a permis de confirmer : les paiements internationaux émis depuis la France sont encore à 70% libellés en dollars américains, les fournisseurs basés en Chine ou à Hong-Kong demandant d’être réglés dans cette devise en priorité, tout comme ceux basés dans des pays plus exotiques. L’utilisation de l’euro a encore des progrès à faire dans le commerce international. Le montant moyen des transactions équivaut à 25 000 euros.
Emmanuelle Serrano
Pour consulter l’ensemble des résultats de l’étude d’IbanFirst, cliquez ci-dessous