L’euro devance légèrement le dollar comme monnaie de facturation chez les exportateurs français, révèle une note de la douane consacrée aux devises utilisées dans les transactions commerciales internationales et à l’impact de la dépréciation de la monnaie européenne. Un antidote contre le risque de change, et un gain de compétitivité-prix en période d’euro faible, mais à relativiser.
Ont-elles le choix ? Quand elles commercent avec des pays tiers, c’est-à-dire hors de l’Union européenne (UE), les entreprises françaises utilisent encore majoritairement le dollar à l’importation, par contrainte, et l’euro à l’exportation. Mais la situation est évolutive.
Ainsi, selon cette intéressante étude de la douane, sur longue période entre 2011 et 2019, le dollar a été, avec 51 % du montant, la première monnaie de facturation des importations, devançant de 9 points l’euro. La tendance s’est infléchie sur la période 2019-2021, mais cette inflexion est à mettre sur le compte de la chute des achats aéronautiques et d’hydrocarbures naturels, « majoritairement libellés en dollars », durant la crise sanitaire.
Depuis le début de 2022, le dollar a repris le dessus, avec 50 % des montants importés sur les trois premiers trimestres, contre 43 % pour l’euro. Les autres devises ne pèsent que pour 9 % des montants.
Le tableau est très différent pour les exportations. Avec 53 % des montants hors UE facturés par les exportateurs français en 2021, c’est la monnaie préférée de ces derniers, devançant de 20 points le billet vert. « Cette prépondérance pourrait s’expliquer par le fait que les ventes sont habituellement facturées dans la monnaie du pays exportateur, le risque de change reposant alors sur l’importateur » avance la douane.
Certains acheteurs étrangers semblent toutefois imposer davantage leur monnaie : les devises hors dollars représentent de l’ordre de 15 % depuis 2020, soit une part plus importante que pour les importations, et en croissance de 4 points depuis 2011.
A noter que les entreprises françaises, dans leur transaction internationale hors UE, ont une pratique similaire à celles des autres grands pays membres de la zone euro : en Allemagne, Italie et Espagne, le dollar a encore une part prédominante à l’import, mais l’euro le devance largement à l’export.
Sans surprise, à l’exportation, le dollar prédomine pour les produits dont le marché mondial est toujours libellé en dollar : aéronautique, hydrocarbures. Pour les produits pharmaceutiques, l’euro est également minoritaire (28 %) car la facturation se fait principalement -mais non majoritairement- en dollars (38 %) et dans d’autres devises (34 %, dont 6 % pour le yuan renminbi, 5 % chacun pour le dollar singapourien et la livre sterling).
Pour les autres produits d’exportation, qui pèsent les trois quarts des exportations, l’euro domine avec 62 % en moyenne, contre 22 % pour le dollar et 16 % pour les autres monnaies. Certaines devises détrônent même le dollar dans certaines filières telles que le textile-habillement-cuir-chaussures (19 % Yuan renminbi). Sur le segment du luxe, les exportations de ces produits vers la Chine sont même à 81 % libellées dans la monnaie chinoise.
C.G
Pour accéder à l’intégralité de l’étude de la Douane (étude et éclairage n°94) : cliquez ICI