De retour de Rabat où il faisait partie de la délégation accompagnant Emmanuel Macron dans sa visite officielle au Maroc la semaine dernière, le président et cofondateur d’Infranum, Philippe Le Grand, qui regroupe les entreprises de la filière française des infrastructures numériques, revient sur cette visite officielle.
Le Moci. Que retenez-vous de ce déplacement au Maroc ?
Philippe Le Grand. Cette visite a été très positive, elle a confirmé que tous les voyants été au vert, dans les infrastructures numériques mais aussi dans beaucoup d’autres secteurs. Elle a été l’occasion de signer un grand nombre d’accords et de contrats qui illustrent la forte interdépendance qui existe déjà entre la France et le Maroc, dans tous les domaines. C’est un pays jeune, bien formé, stable politiquement, en croissance et avec lequel nous avons des liens forts.
Dans les infrastructures numériques, une quinzaine d’entreprises françaises sont présentes sur place comme Circet, Sogetrel, AGH Consulting ou NGE Connect. Le Maroc compte des entreprises très performantes dans ce secteur. Les études d’ingénierie du Plan France Haut Débit ont ainsi été développées en grande partie au Maroc par des ingénieurs Marocains.
« Il ne s’agit pas de faire à la place des Marocains, mais de coopérer »
Le Moci. Pour autant, aucun accord ou contrat n’a été signé par les acteurs de la filière…
Philippe Le Grand. En effet, mais il y a des dossiers qui avancent, dont celui du développement de la fibre. Le plan Maroc Digital 2030 prévoit en effet l’installation de 5,6 millions de prises FTTH à cet horizon, ce qui est ambitieux. Il ne s’agit pas de faire à la place des Marocains, mais de coopérer afin que les conditions de ce développement soient les plus favorables sur les plans technique et financier, deux sujets sur lesquels les échanges se font à haut niveau.
Le modèle français, qui repose sur le partage d’infrastructures entre opérateurs concurrents est intéressant car il permet de réduire les coûts et donc de proposer des forfaits haut-débit adaptés au pouvoir d’achat local. Des choix doivent être opérés dans le prochains mois. Pour connecter 5,6 millions de prises d’ici à 2030, il va falloir faire très vite. Pour ce faire, les opérateurs ont besoin d’un cadre réglementaire clair et stable.
Le Moci. Et sur le plan financier ?
Philippe Le Grand. Tous les accords qui ont été signés au cours de la visite d’Emmanuel Macron incluent les outils financiers de Bpifrance et de l’Afd. Concernant les financements le partenaire marocain est la Caisse de dépôt et de gestion, ou CDG, l’institution financière qui gère l’épargne à long terme. Il a y également des fonds qui pourraient investir dans les infrastructures numériques. Le fonds STOA était d’ailleurs représenté dans la délégation accompagnant Emmanuel Macron, ce qui ne signifie pas qu’il va s’engager. Les opérateurs pourraient également investir mais il est encore trop tôt car le cadre réglementaire n’est pas encore posé.
Ces investissements doivent être privés et publics afin de développer le haut débit sur tout le territoire, y compris dans des zones où elle risque de ne pas être rentable. Que ce soit sur le plan technique ou sur le plan financier, les échanges se font à haut niveau et avancent très vite. D’autant plus qu’Amal El Fallah Seghrouchni, qui a été nommée ministre déléguée en charge de la Transition numérique le 23 octobre dernier, doit rester en place 18 mois. Je suis très confiant et je pense que les premiers accords et contrats seront signés dans les prochains mois.
Propos recueillis par
Sophie Creusillet