Le président de l’Ouzbékistan Shavkat Mirziyoyev était en France le 12 mars pour une visite d’État. L’occasion de souligner leur volonté mutuelle de rapprochement. Et de signer quelques contrats.
Les échanges commerciaux entre les deux pays demeurent anecdotiques. La France a exporté en 2023 pour 621 millions d’euros en Ouzbékistan, essentiellement des avions, des parfums, des cosmétiques, des produits pharmaceutiques ainsi que des machines et des équipements. Des flux modestes, mais qui ont quintuplé depuis 2019 ! Une cinquantaine d’entreprises tricolores sont par ailleurs implantées dans ce pays d’Asie centrale.
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, Tachkent souhaite réduire sa dépendance à la Russie et notamment à son gaz, ce qui passe par le développement d’énergies alternatives, un secteur dans lequel les entreprises françaises disposent d’une solide expertise.
En marge de la visite du président Shavkat Mirziyoyev, des contrats ont d’ailleurs été signés. Voltalia a paraphé le contrat de vente d’électricité pour son projet hybride (solaire et éolien) avec la société d’état JSC Uzenergosotish. Le projet débutera sa phase de construction au premier trimestre 2026 pour la partie solaire et le stockage, et au troisième trimestre 2026 pour la partie éolienne.
Cap sur les énergies propres
De son côté Orano et Navoyiuran, ont signé mercredi 12 mars un accord pour exploiter un gisement d’uranium au nord-est de l’Ouzbékistan. Son exploitation devrait démarrer dans quelques années et produire jusqu’à 700 tonnes d’uranium par an pendant 10 ans.
Ces projets dans le secteur de l’énergie, rejoignent ceux d’EDF, le plus gros investisseur français du pays, qui mène actuellement deux projets de centrales thermiques, et de Total Energies qui a ouvert une centrale photovoltaïque.
Par ailleurs, dans le secteur de l’eau, Suez a signé deux accords. Le premier avec UzSuvtaminot pour des services et un approvisionnement de deux ans, en préparation d’un partenariat public-privé de long terme, dans quatre districts de la région de Surxondaryo. Le second, avec l’Institut des ingénieurs en irrigation et mécanisation agricole de Tachkent pour favoriser leur coopération dans le domaine de l’éducation.
Bientôt une feuille de route
Voilà pour les entreprises. De leur côté, les deux présidents ont signé une déclaration conjointe sur l’établissement d’un partenariat stratégique dont le volet économique et commercial propose notamment la tenue régulière de la Commission mixte franco-ouzbèke pour la coopération économique, le renforcement des investissements croisés et l’amélioration du climat des affaires.
En outre, les deux pays souhaitent resserrer leur coopération dans les secteurs de l’aéronautique, le spatial, l’énergie, l’industrie, les mines, les services publics urbains et l’eau. Ils appellent également au développement de la coopération dans la santé, l’agriculture, l’industrie textile, la planification urbaine et la construction, ainsi qu’à une coopération dans les minerais critiques.
Enfin, la France et l’Ouzbékistan ont convenu de l’établissement d’une feuille de route listant les projets prioritaires et de son actualisation régulière.
Avec son sol gorgé d’uranium, qui compose 90 % des exportations du pays, l’Ouzbékistan est certes un des pays les plus corrompus au monde, mais il fait actuellement l’objet de l’attention des pays d’Europe de l’Ouest. L’ex-chancelier allemand Olaf Scholtz était ainsi en visite officielle en septembre dernier.
Sophie Creusillet