Une page de l’histoire de l’organisation des Opérateurs spécialisés du commerce international (OSCI) a été tournée dans la soirée du 21 octobre, à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire, avec l’élection à la présidence de son conseil d’administration d’Etienne Vauchez, qui en était depuis depuis 2008 vice président, en remplacement de Gilles Rémy, démissionnaire.
Un défricheur de marchés « 2.0 » succède ainsi à un défricheur de marchés à l’ancienne à la tête de l’organisation qui représente les « privés » du commerce international, sociétés d’accompagnement et sociétés de commerce et de négoce. Le retrait du fondateur de l’OSCI, à sa tête depuis sa création en 2006, n’est en effet pas une révolution de palais, plutôt la première étape d’une transition en douceur. « Après quinze ans d’investissement dans des organisations professionnelles qu’il a contribué à créer et fédérer, il estimait que l’organisation avait besoin d’un renouvellement, de nouvelles idées, de nouveaux projets » souligne-t-on à l’OSCI*.
Gilles Rémy, est fondateur et président de Cifal, un groupe de services aux entreprises très implanté en Europe de l’Est et en Asie centrale, où il a introduit, au début des années 90, au lendemain de la chute du mur de Berlin, de grands noms du CAC 40 comme Bouygues dans les ex. Républiques soviétiques. Il est reconnu comme un des meilleurs connaisseurs de cette zone dans les milieux d’affaires français. Il prend donc du recul pour mieux s’y consacrer au moment où sa zone d’implantation historique émerge, et notamment s’occuper de la très jeune chambre de commerce France-Turkménistan, dont il est le fondateur et président.
Nouvelle génération de défricheurs de marchés « 2.0 »
Le profil de son successeur, Etienne Vauchez, est plus « 2.0 » car il correspond à une nouvelle génération de défricheurs de marchés, arrivée avec l’accélération de la mondialisation dans les années 90 et des nouveaux nouveaux outils Internet. A 47 ans, ce polytechnicien marié et père de deux enfants, entrepreneur multi-récidiviste (voir plus bas sa bio express), est ainsi à la tête de GlobalTrade.net, un annuaire mondial en ligne des prestataires du commerce international lancé en 2010, la dernière née de ses créations d’activités.
Mais son navire amiral est Export Entreprises, une société née en 1998 pour promouvoir des solutions web d’information et de prospection pour les exportateurs et importateurs : elle livre actuellement dans une vingtaine de pays des bases de données réglementaires et marketing, places de marchés, et autres plateformes collaboratives à une clientèle principalement composée de banques qui les mettent à la disposition de leurs clients. Ses bases sont alimentées notamment par le site Internet de la Fédération américaine du commerce international (FITA), que le Français a eu la bonne idée de racheter en 2007.
La nouvelle page qu’ouvre l’OSCI, dont le conseil d’administration ne sera renouvelé qu’en mars 2014, sera donc sans aucun doute plus orientée sur les pratiques d’affaires du XXIème siècle : partage d’idées, outils web, travail collaboratif et en réseau. Avec l’envie de faire bouger les lignes dans un microcosme des acteurs du commerce extérieur français longtemps resté figé sur des perceptions d’un autre âge.
Pour preuve, le fait qu’Etienne Vauchez est aussi l’auteur d’une contribution à un dossier du Moci – « Les 4 vérités du commerce extérieur français »- publié en 2012 (1) et qui a fait date dans son histoire récente. Et qu’il est le fondateur, avec Magalie Lemaistre, déléguée générale de l’OSCI -elle aussi en partance pour de nouveaux projets-, du premier think tank dédié à l’export, la Fabrique de l’exportation. Lancé en mars 2013, il attire des spécialistes du commerce international venus de milieux très divers, secteur public et secteur privé confondus, avec une volonté de faire bouger certaines lignes.
Il prend la tête d’une organisation au moment où celle-ci, après avoir longtemps bataillé pour faire reconnaître auprès des pouvoirs publics ses métiers et leur contribution au commerce extérieur, vient de remporter une belle manche : la base de données de ses membres sera intégrée au futur portail public du commerce extérieur en cours de construction (3). Mais d’autres batailles se poursuivent : la suite de la saisie de l’Autorité de la concurrence en mai dernier (4), ou encore la fiscalité qui pèse sur les sociétés de négoce et les importateurs, un vieux combat encore actif.
Christine Gilguy
*Gilles Rémy a joué un rôle moteur dans la fusion de deux organisations qui ont donné naissance à l’OSCI : la CGI-SAI et le Syncibe. L’Osci est rattachée à la puissante Confédération du commerce de gros et international (CGI).
(1) Dossier et ses suites en ligne, sur notre site Internet cliquez sur Les 4 vérités du commerce extérieur
(2) Lire, dans la LC N°50 : La « Fabrique de l’export » se met en route
(3) Lire dans la LC N°72 : Le portail du commerce extérieur s’ouvre aux sociétés de négoce
(4) Lire dans la LC N°57-58 : « Aides à l’export : les « privés » saisissent l’Autorité de la concurrence »
Encadré
La bio express d’Etienne Vauchez
1989 : Création avec Jean-Christophe Fromantin des «
Missions Eurochallenge », missions de prospection individuelles pour les
clients du crédit agricole (cédées à Altios International en 2008)
1994 : Fondation du Salon de l’Environnement (cédé à Pollutec
en 1998)
1998 : Création d’Export Entreprises, sites et solutions IT
pour le commerce international
2004 : Adhésion à l’OSCI, Vice-Président depuis 2008
2007 : Rachat du site de la Fédération américaine du
commerce international, FITA
2010 : Lancement de GlobalTrade.net, annuaire mondial des
prestataires du commerce international
2012 : co-fondateur avec Magali Lemaistre du Think Tank La
Fabrique de l’Exportation
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