La 11e Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui réunissait du 10 au 13 décembre à Buenos Aires, en Argentine, les 164 membres de l’OMC, s’est soldée par un échec. Aucun accord n’a été conclu, contrairement aux précédentes réunions ministérielles à Nairobi (décembre 2015) et Bali (2013). Même si cet échec n’est pas vraiment une surprise, la déception était palpable à l’issue de la réunion, en témoignent les déclarations du président de l’OMC Roberto Azévêdo et de Cecilia Malmström, la commissaire européenne au Commerce.
« Ce que nous avons vu au cours des trois derniers jours, c’est le dur labeur du multilatéralisme. 164 membres travaillent ensemble, s’impliquent et débattent », a déclaré le patron de l’OMC dans son allocution de clôture. « Nous avons fait des progrès importants dans certains domaines », a-t-il reconnu. Mais le verdict est rapidement tombé : « Les membres n’ont pas réussi à s’entendre, cette fois-ci, sur des accords de fond définitifs ». « Ce n’est pas la première échéance que nous ratons, mais c’est toujours décevant », a-t-il admis.
Rappelons que ces négociations multilatérales doivent permettre aux États membres de prendre des décisions sur toutes les questions relevant de tout accord commercial multilatéral. Dans le cadre de cette Conférence, les négociations ont porté en particulier sur les subventions agricoles, les stocks à des fins de sécurité alimentaire, les subventions à la pêche, les services et le commerce électronique.
C. Malmström : « Nous ne sommes parvenus à aucun résultat multilatéral »
« Tous les membres de l’OMC doivent tout simplement reconnaître que nous avons échoué à atteindre nos objectifs. Nous ne sommes parvenus à aucun résultat multilatéral », a déclaré, pour sa part, Cecilia Malmström, la commissaire européenne au Commerce. « La triste réalité, a-t-elle poursuivi, est que nous n’avons même pas réussi à nous mettre d’accord pour cesser de subventionner les activités de pêche illicite ». La commissaire s’est également exprimée sur le sujet du commerce électronique, au centre des discussions à l’OMC. « Nous devons également redoubler d’efforts pour trouver des solutions aux problèmes importants qui se posent au sein du système commercial international, tels que le commerce électronique, et travailler avec la volonté de proposer des solutions évolutives », a-t-elle stipulé.
Pour la Commission européenne, la déception est d’autant plus grande qu’elle espérait boucler lors de cette nouvelle conférence ministérielle de l’OMC, à Buenos Aires, les négociations commerciales bilatérales avec les membres du Marché commun du Sud (Mercosur) – Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay – après la conclusion heureuse des discussions, le 8 décembre, de l’Accord de partenariat économique (APE) avec le Japon, l’accord de libre-échange le plus important jamais signé.
J-B. Lemoyne : « Le résultat n’est pas satisfaisant »
La déception s’est aussi faite entendre côté français. Les attentes de la France quant à cette nouvelle conférence ministérielle portaient notamment sur le commerce électronique, les PME ou encore les subventions à la pêche. « Buenos Aires doit sonner le réveil des consciences. Le résultat n’est pas satisfaisant. Il y a un malaise de l’institution. Le statu quo n’est plus possible (…) L’Europe a une carte à jouer, l’UE doit être une force de proposition », a ainsi déclaré le secrétaire d’État auprès du ministère de l’Europe et des affaires étrangères chargé du Commerce extérieur, Jean-Baptiste Lemoyne, cité dans Les Echos.
Ce dernier avait pris part, le 10 décembre, à la réunion des ministres de l’Union européenne chargés du commerce, qui s’était tenue en amont de la Conférence ministérielle. À cette occasion, le secrétaire d’État français avait présenté, lors d’un symposium sur le commerce et le développement durable, les propositions de la France pour renforcer les dispositions en matière de développement durable dans le cadre de l’Accord économique et commercial global (AECG) entre l’Union européenne et le Canada, en anglais Comprehensive Economic Trade Agreement (CETA), entré en vigueur le 21 septembre.
Venice Affre
Pour prolonger :
– Mercosur / UE : l’accord de libre-échange butte encore sur l’agriculture
–Etats-Unis / Protectionnisme : le projet de réforme fiscale américain inquiète les Européens
–J. de Larosière et N. Jijakil : « L’Europe n’a pas d’autres choix que de jouer la carte du libre-échange »
–UE / Japon : un accord de libre-échange aux dépens des États-Unis
– UE/Japon : l’accord de libre-échange devrait entrer en vigueur début 2019