Le Kényan Eddy Njoroge a été élu à la présidence de l’ISO, l’ Organisation internationale de normalisation, pour un mandat de deux ans entamé le 1er janvier. Il était de passage à Paris le 27 janvier, Le Moci a saisi cette occasion pour en savoir plus sur ses priorités.
Premier président de l’ISO issu du continent africain, Eddy Njoroge a succédé au Canadien John Walter, désormais conseiller spécial auprès du président de l’ISO. Actuel membre du conseil du Kenya Bureau of Standards au sein duquel il préside le comité d’approbation des normes, Eddy Njoroge possède une solide expérience du monde de l’entreprise et du secteur financier. Au cours de sa carrière, il a en effet travaillé à la fois dans le public et le privé dans des secteurs aussi variés que l’énergie, les télécommunications, la protection du patrimoine naturel, la finance ou encore le secteur bancaire.
L’occasion était d’autant plus intéressant que le nouveau président de l’ISO, basé à Genève, a choisi la France, pays à l’avant-garde de l’élaboration de normes volontaires à l’échelle nationale, européenne et internationale, et 4ème pays au monde le plus influent dans la normalisation européenne et internationale*, pour son premier déplacement officiel à l’étranger. Un choix qui n’est pas anodin.
L’Afnor au conseil permanent de l’ISO
La France à travers Afnor, l’Association française de normalisation, fait en effet partie des membres permanents du conseil de l’ISO – Olivier Peyrat, le directeur général d’Afnor, a rejoint le conseil d’administration en octobre 2017 – aux côtés des États-Unis représentés par l’ANSI (American National Standards Institute), du Japon (JQA), du Royaume-Uni (BSI), de l’Allemagne (DIN) et de la Chine (SAC).
Officiellement créée en 1947, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’ISO, ONG dont les 164 membres sont les organismes nationaux de normalisation à travers le monde –en l’occurrence Afnor pour la France– élabore et publie des normes internationales dans tous les domaines.
À ce jour, l’ISO a publié plus de 22 900 normes internationales et publications associées couvrant la quasi-totalité des secteurs de l’industrie – des technologies à la sécurité des denrées alimentaires, et de l’agriculture à la santé.
Lors de sa visite, le nouveau président de I’ISO a été reçu le 27 janvier au siège de l’organisme français de référence pour les normes volontaires (Seine-Saint-Denis), où il a échangé l’après-midi avec le réseau des adhérents d’Afnor : entreprises – TPE, PME, grands groupes – associations de consommateurs, fédérations professionnelles, collectivités locales, représentants du gouvernement etc.
À cette occasion, il a également partagé les grandes orientations de son mandat 2020-2022 lors d’une rencontre avec le directeur général d’Afnor à laquelle Le Moci a pu assister.
Promouvoir les normes et soutenir le développement durable
Quatre grandes priorités sont à l’agenda du nouveau président de l’ISO :
1/. Promouvoir les normes internationales et le travail de l’ISO
« Le principal objectif de mon mandat à la présidence de l’ISO sera de mettre en œuvre la nouvelle stratégie de l’ISO 2021-2030 afin d’accélérer le développement des normes dans le monde », a livré Eddy Njoroge à la Lettre confidentielle du Moci. « Parce que les normes peuvent être utilisées comme des instruments pour soutenir le libre-échange, le commerce équitable et le multilatéralisme », a-t-il poursuivi.
Son objectif est ainsi d’agir en tant qu’ambassadeur mondial des valeurs de la normalisation et du système ISO. Son rôle consistera à sensibiliser les acteurs économiques, qui doivent comprendre, selon lui, parfaitement l’environnement dans lequel ils évoluent.
2/. Soutenir l’élaboration de normes pour l’industrie
Sa deuxième priorité sera de faire des normes ISO de véritables instruments stratégiques permettant de redynamiser le secteur industriel pour répondre aux besoins actuels du marché.
3/. Faire contribuer les normes ISO à la réalisation du Programme de développement durable des Nations unies à horizon 2030
Autre priorité, poursuivre les efforts en faveur de l’application des normes ISO partout dans le monde. Eddy Njoroge est convaincu de leur utilité dans tous les aspects du quotidien : le commerce, les services, l’innovation, la R&D. En outre, elles ont un rôle à jouer pour relever les défis du développement.
« Les normes internationales ISO peuvent être des outils essentiels pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations unies à horizon 2030 », a ainsi souligné le nouveau président. Les objectifs de développement durable répondent aux défis mondiaux parmi lesquels la pauvreté, les inégalités, le climat, la dégradation de l’environnement ou l’accès à une eau propre.
L’ISO propose des normes qui contribuent à la réalisation de ces objectifs, ainsi que des normes qui favorisent l’inclusion financière. Pour l’ancien P-dg de Kenya Electricity Generating Company (2003-2013), elles sont donc les clés d’un avenir durable.
La France propose la création de normes sur la biodiversité
L’Afnor compte bien y jouer un rôle actif. À l’occasion de la visite d’Eddy Njoroge qui s’achève à la fin de la semaine, Olivier Peyrat a ainsi remis officiellement la proposition française de créer un comité technique international sur la biodiversité.
Cette initiative intervient dans la perspective de la 15ème Conférence des Parties (COP 15) de la Convention sur la diversité biologique (CDB), qui se tiendra en octobre prochain à Kunming (province du Yunnan) en Chine, et où sera fixée la trajectoire mondiale en termes de biodiversité pour les dix prochaines années.
L’Afnor souhaite engager ce projet avec les acteurs socio-économiques de tous les pays volontaires pour dépasser les approches nationales. Vocabulaire commun, exigences sur la méthode, outils pour structurer des actions à l’échelle d’un territoire ou pour une entreprise présente à l’international… Les normes ISO qu’ambitionne de faire naître la France auront vocation à favoriser la prise en compte de la biodiversité et la mise en œuvre de mesures de protection dans tout projet.
L’ISO apportera une réponse à la proposition de la France d’ici le mois de mai.
À suivre…
Venice Affre
*La France occupe la 2ème place au niveau européen et la 4ème au niveau international dans le baromètre international de la normalisation publié par Afnor (édition 2019)