Après plusieurs mois de suspense, le nom du successeur de Pierre Gattaz à la présidence du Medef est tombé. C’est finalement Geoffroy Roux de Bézieux qui a été élu le 2 juillet à la présidence de l’organisation patronale, devançant avec 284 voix celui qui était considéré comme son principal rival Alexandre Saubot (224 voix) dans la course à l’élection du président du Medef. Les deux hommes engagés ces dernières semaines dans une course serrée étaient en lice avec sept autres prétendants au titre. A-t-il la fibre de l’international ? Sa spécialité est plutôt la fiscalité et l’innovation, mais son parcours d’entrepreneur de la nouvelle économie garantit pour le moins une ouverture d’esprit incontestable.
« Il devrait savoir s’entourer dans ces domaines », a glissé au Moci un industriel bon connaisseur de l’institution patronale et de l’écosystème du commerce extérieur. Un bon signe : il pousse son groupe Notus Technologie à se développer à l’international et l’une de ses acquisitions, Oliviers & Co, est une success story à l’export.
Un « serial entrepreneur »
Après dix ans chez L’Oréal, ce « serial entrepreneur » fait carrière dans les télécoms. Il fonde en 1996, en pleine explosion de la téléphonie mobile The Phone House, un réseau indépendant de vente de téléphones mobiles, qu’il revend au groupe britannique Carphone Warehouse. Dix ans plus tard, en 2006, il lance Virgin mobile en France avant de cofonder aux côtés de Pierre Kosciusko-Morizet (PriceMinister), Stéphane Treppoz (Sarenza) et Ouriel Ohayon, le fonds d’investissements Isai, rassemblant plus de 130 entrepreneurs et qui a pour vocation de financer et accompagner des sociétés Internet à fort potentiel, qu’elles soient à leur démarrage (capital risque) ou qu’elles aient déjà atteint la profitabilité (capital développement/LBO).
Il dirige aujourd’hui le groupe industriel et commercial Notus Technologie qu’il a créé en 2014 et qui se développe via une stratégie d’acquisitions de marques alimentaires premium. Notus Technologie a pour objectif de rassembler des marques alimentaires emblématiques, fabriquées en France, afin de les exporter dans le monde entier. En 2016, l’entrepreneur a racheté la PME provençale spécialiste de l’huile d’olive haut de gamme Oliviers & Co, présente à l’international dans 14 pays. Outre la gastronomie, Notus Technologie se développe également sur le secteur de l’outdoor avec comme point commun entre ces deux secteurs d’activité l’utilisation du digital pour transformer les entreprises, la montée en gamme des produits proposés et l’innovation.
Candidat à la présidence de l’organisation patronale en 2013, ce chef d’entreprise de 56 ans s’était rallié à Pierre Gattaz, devenant alors vice-président du Medef en charge du pôle Économie, regroupant l’économie, la fiscalité, l’innovation et le numérique.
Sa candidature à la présidence du Medef avait été appuyée par la fédération professionnelle de l’ingénierie, Syntec-Ingénierie, qui représente près de 400 entreprises pour un chiffre d’affaires de 52 milliards d’euros en France. L’Union française des métiers de l’événement (Unimev) s’était également prononcée en faveur de Geoffroy Roux de Bézieux, son conseil d’administration lui avait apporté les 2 voix dont dispose l’Union au sein de l’Assemblée générale du Medef, soulignant dans un communiqué que « la sensibilité historique de M. Roux de Bézieux aux questions intéressant le secteur des services l’inscrit dans une proximité par rapport aux métiers représentés par l’Union, et notamment à leurs problématiques d’attractivité de la destination France et de compétitivité face à la concurrence étrangère ».
« Jouer collectif »
Son mandat pour les cinq prochaines années se fera sous le signe du rassemblement et non des divisions « artificielles » selon ses premières déclarations. « Le Medef que je vais présider à partir d’aujourd’hui, c’est un Medef qui joue collectif. Un Medef qui a la passion de l’unité pour mieux se pencher vers les défis du futur », a-t-il déclaré lors de son discours d’investiture, ses propos faisant référence aux oppositions « historiques » entre « fédérations et territoires, entre industrie, services commerce ou construction, entre start-up, PME, ETI et grands groupes » mais aussi entre métropoles et villes moyennes. « Au cours de ces cinq années, a-t-il renchéri, je n’aurai de cesse d’agir pour ce nécessaire rassemblement ».
Le nouveau président du Medef a dévoilé les grandes lignes de son projet pour les cinq ans à venir. Parmi les grands thèmes : « continuer le combat pour la compétitivité de nos entreprises, augmenter nos efforts de formation vers nos salariés », et transformer le paritarisme pour obtenir une véritable autonomie de décision et de gestion, imaginer un dialogue social qui devienne un dialogue économique et social. Le nouveau président ambitionne également de rénover l’organisation, sa gouvernance, son financement « pour la rendre plus agile » et pour qu’elle puisse « devenir une organisation franco-européenne ».
La dimension européenne est à relever. Il faudra attendre que soit dévoilé le nouvel organigramme des Commissions pour en savoir plus sur sa feuille de route à l’international. L’on sait que l’actuel président de la Commission international du Medef, Frédéric Sanchez, qui cumule avec ce mandat la présidence de Medef International, ne cache pas son souhait de ne conserver qu’une seule de ces deux fonctions, la dernière citée.
Venice Affre