Pas de changement de tête au Quai d’Orsay suite au remaniement ministériel annoncé le matin du 16 octobre, ni de création d’un ministère du Commerce extérieur dont on pouvait pourtant imaginer, voire espérer, la création, qui plus est, logique pour mettre en œuvre la nouvelle stratégie du gouvernement en matière de commerce extérieur annoncée par le Premier ministre Édouard Philippe à Roubaix le 23 février dernier. Jean-Baptiste Lemoyne demeure secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, en charge du commerce extérieur.
En revanche, à Bercy, une nouvelle secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher, a succédé à Delphine Gény-Stephann, jugée pas assez politique. Comme cette dernière, régulièrement présente sur les événements relatifs au Commerce extérieur dans lequel le ministère est partie prenante, elle devra très vite s’emparer des dossiers sur l’export, entre autres sujets. C’est elle, par exemple, qui sera à la prochaine rencontre entre Bercy et les fédérations dont les membres ont des liens avec le Royaume-Uni sur le thème du Brexit, dès la semaine prochaine.
Son parcours lui donne quelques atouts pour cela.
Une expérience de l’entreprise et des problématiques internationales
Elle a d’abord une connaissance des entreprises. Cette diplômée d’HEC et de l’Ena occupait jusqu’à présent les fonctions de directrice générale de la Compagnie des Alpes, filiale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) créée en 1989, et devenue un leader en Europe de l’industrie des loisirs de montagne. À la tête de onze domaines skiables de réputation mondiale (Tignes, Val d’Isère, La Plagne, Méribel, Serre-Chevalier…), la Compagnie des Alpes est également le premier exploitant de remontées mécaniques au monde qui exporte ses savoir-faire.
Agnès Pannier-Runacher « a puissamment contribué à transformer l’entreprise, à mettre en œuvre de manière déterminée et efficace son plan stratégique et à améliorer très significativement ses performances », a déclaré Dominique Marcel, P-dg de la Compagnie des Alpes. Ce dernier ne tarit pas d’éloges à l’égard de son ancienne directrice générale déléguée, qui, après avoir brillé au sein de son groupe (762,2 millions d’euros de CA en 2017) fait son entrée au gouvernement. Cette nomination est pour le dirigeant « la reconnaissance de ses qualités exceptionnelles ».
Avant de rejoindre en janvier 2013 la Compagnie des Alpes, Agnès Pannier-Runacher occupait depuis 2011 le poste de directrice de la division clients de l’équipementier automobile Faurecia, avec dans son portefeuille de grands clients internationaux comme GM Europe, Jaguar Land Rover et Volvo. Auparavant, de 2006 à 2008, elle avait été directrice adjointe des finances et de la stratégie du groupe Caisse des dépôts. Au cours de sa carrière, cette énarque de 44 ans a également été directrice de cabinet (2003-2006) de la directrice générale de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Une connaissance des grandes administrations
Autre atout, Agnès Pannier-Runacher a aussi une bonne connaissance des coulisses de l’administration centrale. Elle fait en effet son retour comme secrétaire d’État dans un ministère dont elle a déjà arpenté les couloirs lorsqu’elle a démarré sa carrière en 2000 en tant qu’inspectrice des finances. Elle reprendra aux côtés de Bruno Le Maire le lourd dossier du projet de loi Pacte – Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises (Pacte) voté en première lecture à l’Assemblée nationale le 9 octobre dernier, et dont la prochaine étape est son passage devant le Sénat en janvier 2019. Dix constats sur les entreprises sont faits dans la loi Pacte, dont celui que « les PME françaises ne sont pas suffisamment tournées vers l’export ».
Son expérience de l’international et son profil a priori pro-entreprise constitueront un atout de taille pour mieux prendre en considération la question de l’export dans la loi Pacte qui intègre déjà les principales orientations en matière d’accompagnement des PME et ETI à l’international et de financement à l’export dévoilées par le Premier ministre Édouard Philippe le 23 février dernier.
Enfin, the last but not the least, Agnès Pannier-Runacher a un profil ‘macroniste’ qui manquait sans doute à Delphine Gény-Stephann. Elle aurait fait partie des tout premiers soutiens d’Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle, selon la presse, et son nom figure sur la liste des 9 membres titulaires de la commission nationale d’investiture d’En Marche pour les législatives de juin 2017.
Venice Affre