Cela devait être une opération exemplaire de la diplomatie économique que veut pratiquer le Quai d’Orsay notamment dans les pays « orphelins », c’est à dire sans Service économique ni bureau Ubifrance : elle a été quelque peu gâchée par les urgences de l’actualité syrienne, qui ont obligé Laurent Fabius à annuler sa visite à Oulan Bator, la capitale mongole, le 15 et le 16 septembre.
Les urgences de la diplomatie de crise semblent ainsi peu compatibles avec les opérations de diplomatie économique, préparées longtemps à l’avance. Déjà écourtée d’une bonne demie journée – le ministre des Affaires étrangères s’était envolé pour Pékin le 15 septembre pour rencontrer les autorités chinoises et décrocher leur approbation sur l’accord cadre russo-américain -, elle a purement et simplement du être annulée dans la soirée du 15 septembre, pour permettre à Laurent Fabius d’être à l’Elysée le 16 septembre, avec l’Américain John Kerry et le Britannique William Hague…
Un contretemps malheureux car les choses avait été préparées avec soin dans un pays certes porteur en raison de son secteur minier florissant, mais où le poste diplomatique ne comptaient que deux diplomates jusqu’à l’an dernier -dont l’ambassadeur- avant que ne soit nommé un deuxième secrétaire chargé des affaires économiques. « C’est un déplacement important, bien anticipé, très demandé par les entreprises françaises » nous confirmait une source diplomatique le 12 septembre (Lire, sur www.lemoci.com).
Toutefois, le programme concocté à Oulan Bator a été maintenu, a-t-on assuré au quai d’Orsay. Le 1er forum d’affaires franco-mongole auquel devaient participer 15 représentants d’entreprises et les 22 hommes d’affaires* qui faisait partie de la délégation de Laurent Fabius se serait bien tenu le 16 septembre. Le même jour devait avoir lieu aussi l’inauguration de la première école française dans le pays -une petite école qui sera installée sur le campus de l’ambassade.
Reste à savoir si les participants ont trouvé l’opération aussi efficace en l’absence du ministre. Pour l’heure, nos tentatives de joindre l’ambassade de France à Oulan Bator par téléphone et par mail ont été vaines. Un autre défi pour la diplomatie économique dans des pays en développement et « orphelins ».
Christine Gilguy
*Parmi les entreprises représentées à haut niveau : Areva (qui souhaite passer de la prospection à l’ exploitation sur des gisement d’uranium), EDF, GDF Suez (qui est présélectionné pour la 5ème centrale thermique de Oulan- Bator), les trois fleurons de l’industrie spatiale française (Arianespace, Astrium, Thales, qui s’intéressent au projet mongole de lancement de deux satellites), Air liquide (qui a des projets d’investissement dans la liquéfaction du charbon), les bureaux d’ingénierie Systra et Egis, Merial (qui doit livrer 160 vaches montbéliardes et limousines…).