« Crise de la mondialisation », « puissance de la Chine », « montée du protectionnisme » : « nous sommes dans une nouvelle phase », a estimé Alain Bentéjac, le président du Conseil national des conseillers du commerce extérieur (CNCCEF), qui donnait le coup d’envoi du 5e Mondial des CCEF, qui se tient à Paris, pendant deux jours (4-5 octobre).
Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’État à l’Europe et aux affaires étrangères, a ainsi profité du 120e anniversaire du réseau des CCEF – plus de 4 000 conseillers au total en France et dans le monde – pour appeler à lutter contre la montée du protectionnisme.
À quelques heures d’un Conseil européen sur le commerce en Autriche, le secrétaire d’État en charge du commerce extérieur a défendu « le besoin d’une puissance commerciale forte ». Et pour ce faire, a-t-il précisé, « la France serait impuissante si elle n’était pleinement européenne et si l’Europe n’était pas une Europe puissante ».
J-B Lemoyne : « il y a des cahots à gérer ensemble »
En présence de personnalités aussi variées que Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, Maurice Gourdault-Montagne, secrétaire général du Quai d’Orsay, Pascal Cagni, président de Business France, ou encore de plusieurs élus, sénateurs et députés, Jean-Baptiste Lemoyne était en pays conquis. Surtout que les CCEF, depuis leurs fondations sous la 3e République, le 21 mai 1895, prônent le libre-échange.
« Le système commercial international est en risque », n’a pas caché Jean-Baptiste Lemoyne. « Il y a des cahots à gérer ensemble », a-t-il poursuivi à l’attention des 1 200 participants rassemblés au Palais de la Mutualité.
– Le premier cahot c’est le ‘Brexit’, avec un Royaume-Uni qui va quitter l’Union douanière européenne. Les menaces principales sont des barrières aux échanges, une remise en cause de la libre circulation des biens, des hommes, des capitaux, ses services.
– Le deuxième, c’est le risque planétaire. Jean-Baptiste Lemoyne a évoqué ce qui se passe dans le Pacifique, avec les États-Unis et la Chine, dont « les mesures tarifaires touchent près de la moitié de leurs importations ».
La France est un « pays monde »
Face à la progression de la « logique de confrontation », Paris, selon le secrétaire d’État, « se devait de poser les bases de la refondation du commerce international », comme l’a fait le président Macron, le 3 mai dernier à l’OCDE, en invitant à une refonte de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) « pour la rendre plus opérationnelle ».
La France aurait cette légitimité et ce pouvoir, parce qu’elle est un « pays monde », en raison de « sa présence sur les cinq continents », de l’écoute dont elle bénéficie « en Australie comme en Inde », mais aussi « par la francophonie » et « ses initiatives de relance européenne ».
Jean-Baptiste Lemoyne a demandé aux CCEF de « faire la pédagogie du commerce extérieur ». A cet égard, il a fustigé les fake news au sujet du Ceta ou AECG (Comprehensive Economic and Trade Agreement ou Accord économique et commercial global) conclu entre l’Union européenne et le Canada. « On ne remet pas en cause les préférences françaises en matière de consommation. C’est faux. C’est porteur d’affaires pour nos entreprises », a soutenu l’ancien sénateur de l’Yonne.
Les CCEF, indispensable canal de la diplomatie française
« Au moment de la réforme du commerce extérieur en France, la Team France Export a besoin et s’organise avec vous », a encore délivré Jean-Baptiste Lemoyne, qui s’est efforcé de mettre en valeur les missions confiées aux CCEF : remontée d’informations et de conseil auprès du gouvernement et d’appui aux entreprises, via le parrainage, la formation, l’accompagnement.
Le secrétaire d’État a avoué « une certaine tendresse pour ces bénévoles » que sont les CCEF. Observant avec satisfaction « leur imprégnation » dans les pays où ils travaillent, vivent ou habitent, le ministre a mis en valeur « le conseil qu’ils peuvent donner aux jeunes pousses » et « le fait qu’ils soient le canal de la diplomatie française ». Il a, enfin, salué leur participation à la remise des Grands prix VIE (Volontaires internationaux en entreprises).
François Pargny
Pour prolonger :
Relire notre dossier Spécial : A quoi servent les CCEF ?