La révolution digitale est en marche. D’après une étude de l’université Columbia dans quatre pays d’Afrique (Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal), entre 2005 et 2012, 33 % de la croissance moyenne de leur produit intérieur brut (PIB) ont été générés par les télécommunications, Internet et téléphonie mobile, « ce qui est déjà beaucoup, alors que la moitié de la population du continent n’a pas encore aujourd’hui 15 ans », soulignait, le 2 décembre, Marc Rennard (notre photo), directeur exécutif international en charge de la zone Afrique-Moyen-Orient et Asie (Amea) chez Orange.
D’après une autre étude, réalisée par McKinsey et présentée le 3 décembre au forum Aspen Europe-Afrique (3-4 décembre, Paris), l’accès au mobile en Afrique a bondi de 37 % par an pendant les dix dernières années. Si le chiffre global des détenteurs d’un téléphone mobile y demeure assez largement inférieur à celui des Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine), toutefois, quelques pays africains, Égypte, Maroc, Afrique du Sud, se sont hissés à la hauteur des grands émergents en ce qui concerne le nombre d’internautes calculé sur 100 personnes, faisant même mieux que le Brésil et la Chine.
Des smartphones à 40 euros en promotion
Cette évolution ou cette révolution est toujours en marche. « Depuis fin 2013, confie ainsi Marc Rennard, ce qui a changé, d’une part, c’est que des modules de base pour la voix et les SMS, on est passé à Internet et au mobile qui fonctionnent grâce à une couverture des pays largement en 3G et, d’autre part, l’apparition de smartphones low cost à moins de 50 euros, par exemple à 40 euros en promotion, ce qui était impensable il y a encore deux ans ».
Dans la zone Amea, qui représente 38 % des clients du groupe Orange, l’opérateur français va réaliser cette année un chiffre d’affaires global (y compris les filiales non consolidées) de 5,4 milliards d’euros dans 20 pays. « Par exemple, au Mali, 20 % du PIB passe par notre réseau mobile », affirmait encore Marc Rennard.
La compagnie française a lancé un service de paiement mobile, Orange Money, permettant de transférer de l’argent de mobile à mobile et de web à mobile, de régler des factures, de retirer et de déposer de l’argent auprès d’un réseau d’agents agréés. Le volume global des transferts opérés via Orange Money à travers les 14 pays d’Afrique et du Moyen-Orient où le service est commercialisé a ainsi dépassé les 2 milliards d’euros en 2013.
Autre développement en ligne, l’accès à des informations médicales fiables, comme le télédiagnostic au Botswana, la télémédecine à Madagascar ou l’obtention de réponses médicales par SMS au Cameroun. En utilisant le « Big Data », il est aussi possible d’étudier les déplacements de population et donc, par exemple, la propagation d’une maladie. Une forte capacité de traitement en temps réel des informations permet encore de déterminer, à partir de l’usage quotidien des transports publics, le tracé ou l’amélioration des routes à effectuer.
Le groupe français annonce un nouveau projet, Orange énergie, visant à la fois à améliorer la production, la distribution et le recrutement des personnels. « Pour les personnes qui ne peuvent pas payer régulièrement leurs factures, on peut imaginer des compteurs pilotés à distance, leur permettant un usage en tant que de besoin. L’avantage, c’est d’éviter des abonnements qui ne pourraient pas être respectés faute de moyens et de les remplacer par un pré-paiement », précise Marc Rennard. Ce nouveau service est testé au Mali.
François Pargny
Pour prolonger:
Lire :
-Marc Rennard (Orange) : « je comprends que le Maroc ait refusé d’organiser la Can 2015 »
–Spécial Palmarès MOCI 2013 : Robopolis, Prix Audace Export avec Orange Business Services