Réunis à Buenos Aires le 9 mars dernier, les ministres des Affaires étrangères d’Argentine, de l’Uruguay, du Paraguay et du Brésil ont évoqué les points fondamentaux des négociations de libre-échange menées avec l’Union européenne (UE). Objectif de cette rencontre au sommet : adopter une position commune avant la visite des négociateurs européens dans la capitale argentine programmé cette semaine.
Pour la chef de la diplomatie argentine, Susan Malcorra, le dialogue ouvert entre les deux blocs régionaux représente « l’une de ces occasions en or que l’on ne peut pas laisser passer », soulignant qu’il était nécessaire d’avoir une « stratégie bien définie » avant d’entamer les pourparlers. Une opportunité à saisir, aussi pour les Européens, a estimé la ministre. Dans un monde où le multilatéralisme est en déclin, l’UE a devant elle « une occasion unique » de relancer ses « principes » et de retrouver son rôle de leader, par le biais d’accords tels que celui qui se profile avec le Mercosur, a-t-elle insisté, soulignant aussi la complémentarité des deux marchés qui totalisent 800 millions de consommateurs.
Mais les négociations s’annoncent complexes, en particulier dans le secteur agricole, principal intérêt offensif des pays du bloc sud-américain. Celles-ci représentent en effet la moitié des importations en provenance de la région. A la suite de pressions de certains Etats-membres, notamment la France, la Commission européenne avait exclu de son offre le bœuf et l’éthanol, des mesures très mal accueillies en particulier en Argentine et au Brésil.
Pour Susan Malcorra, les institutions européennes « ne peuvent pas espérer un accord » ne tenant compte que de « leurs propres intérêts » et « n’incluant pas l’industrie agricole ». En visite à Paris la semaine passée, pour plaider les bienfaits d’un accord de libre échange, les négociateurs du Mercosur ont insisté sur la nécessité de trouver un accord global. « Pour un accord gagnant-gagnant, il ne faut pas chercher l’équilibre dans chacun des secteurs concernés », a expliqué le représentant argentin Daniel Raimondi, cité dans Les Echos. Pour lui un meilleur accès au marché européen n’est cependant pas le seul objectif du bloc Mercosur, évoquant d’autres secteurs comme les services, la commande publique, l’e-commerce ou les phytosanitaires.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour prolonger :
–France / Brésil : les Brésiliens plaident à Paris pour un accord UE-Mercosur
–UE / Mercosur : l’offre européenne de libre-échange rejetée par le bloc sud-américain