Innover pour exporter, « c’est ce qui doit permettre à nos entreprises exportatrices de l’être encore plus », assure Jean-Claude Volot, vice-président du Medef, en charge dans la nouvelle équipe mise en place par Pierre Gattaz du pôle Exportation et filières, dont il a présenté, lors d’un petit déjeuner le 24 octobre, les deux grandes commissions : « Internationalisation et exportation » et « Filières et marchés ».
« Toutes les entreprises, PME en tête, doivent avoir une stratégie d’innovation », a lancé, à cette occasion, l’ancien commissaire général à l’internationalisation des petites et moyennes entreprises (PME) et établissements de taille intermédiaire (ETI). Au regard des chiffres, le lien est fort entre export et innovation : « 80 % des innovateurs sont exportateurs et 80 % des sociétés exportatrices innovent », indique Jean-Claude Volot, qui « travaille depuis quinze ans avec l’Association pour le progrès du management (APM) à développer Stratexio, un outil d’analyse stratégique ».
Former 400 formateurs et 12 000 entreprises
Une des missions fixées à la commission Internationalisation et exportation est de former 400 formateurs et 12 000 entreprises à Stratexio. L’outil sera testé au début de l’année prochaine dans plusieurs régions test. « L’idée est de changer la psychologie à l’intérieur de l’entreprise. Et pour cela, il faut que les consultants qui vont aider les PME soient à l’intérieur de la société », expose le vice-président du Medef. Et de préciser encore : « l’objectif est de conquérir l’ensemble du personnel, notamment les personnes influentes, qui ne sont pas forcément le patron ou seulement le patron ».
Du coup, Stratexio peut aider les sous-traitants à sortir de la « relation maître-esclave » avec les donneurs d’ordres en les faisant évoluer vers le métier de « fournisseurs de produits et services exportables », alors que « les sous-traitants ont peu de chances aujourd’hui d’exporter eux-mêmes », soutient Jean-Claude Volot, qui connaît bien le sujet. Ex-médiateur national interentreprises, il est également le patron du groupe aéronautique Dedienne.
Abandonner « l’export d’opportunités »
En définitive, Stratexio doit aider les PME et ETI tricolores à abandonner « l’export d’opportunités » – « souvent en Belgique ou en Suisse, parce que ce sont des pays francophones et proches », pour engager, comme en Allemagne, une réflexion stratégique. Au demeurant, il est très important d’établir une relation avec les achats à l’international, « ce qui n’est pas contradictoire avec le fabriqué en France », soutient le vice-président du patronat français. Ce lien doit encore être noué avec les implantations hors de l’Hexagone, car, ajoute-t-il, « les entreprises ainsi internationalisées développent de 20 à 25 % d’exportations supplémentaires ». Raison de plus pour mobiliser encore plus les forces tricolores présentes à l’étranger. A cet égard, un des objectifs de la commission Internationalisation et exportation est de remettre au premier plan les clusters français à l’étranger. L’objectif étant d’en former 10 en 2014, 50 en trois ans et 100 en cinq ans.
Promouvoir le BtoC
Pour sa part, la commission Filières et marchés est chargée de proposer des solutions en matière de compétitivité hors coût et de promouvoir l’offre française, à travers les treize filières identifiées par le Conseil national de l’industrie (CNI). « Le modèle économique d’après-guerre a fait la part belle aux grands équipementiers et délaissé les PME. Résultat : nous sommes forts dans le B to B et pas assez bons dans le B to C », remarque Jean-Claude Volot.
Au passage, il se félicite du « mieux manger », la famille de produits créée par la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, autour de l’alimentation. « Quand Carrefour va à l’étranger, il doit pouvoir emmener avec lui une partie du style de vie à la française. Quand Paul s’implante aussi hors de l’Hexagone, il me dit qu’il veut pouvoir mettre sur son pain tout ce qui est français : pâté, foie gras, miel, etc. », explique Jean-Claude Volot. Or, y parvenir dans de bonnes conditions reste compliqué. Selon lui, « beaucoup reste à faire pour promouvoir la manière de vivre à la française ».
François Pargny