La petite île Maurice a de grandes ambitions. « Nous voulons porter le pouvoir d’achat par habitant de 7 500 dollars aujourd’hui à 20 000 en 2020 », c’est ce qu’indiquait le vice-Premier ministre en charge des Finances et du développement économique, Pravind Jugnauth, lors d’une conférence sur les opportunités d’affaires, le 31 janvier 2011, à Paris.
L’île de l’océan Indien compte particulièrement sur la France, son premier investisseur étranger, avec un record de 56 millions d’euros en 2009 (sur un total de 216 millions d’IDE), et son troisième fournisseur, derrière l’Inde et la Chine, avec des exportations de l’ordre de 225 millions d’euros en 2010, représentant une part de marché de 8,8 %.
Un programme de travaux publics, d’un montant supérieur à 6 milliards d’euros sur dix ans, est engagé dans les routes, les ports ou les aéroports. L’île pourrait être aussi reliée à un troisième câble de fibre optique. Dans les télécommunications, il s’agit de monter en gamme, en accueillant moins de centres d’appels et plus de services d’externalisation (design, web 2.0, etc.). Dans le sucre, le pays souhaite développer la transformation de la canne et dans le tourisme, promouvoir le haut de gamme. Le nombre de touristes doit passer de 900 000 à l’heure actuelle à 2 millions en 2015. Un objectif « sans doute un peu trop ambitieux », reconnaît Pravind Jugnauth, d’autant que la crise est passée par là. Mais la tendance est bonne : 2010 a été l’année de la reprise, avec une hausse de 8 %. Et, surtout, les possibilités de diversification sont multiples, allant du tourisme culturel à l’écotourisme à l’intérieur du pays, en passant par la création de services médicaux et de centres commerciaux, abritant notamment des magasins spécialisés et des grandes marques.
« Nous voulons que Maurice devienne une île hors taxes », a martelé Pravind Jugnauth. « Il n’y a pas seulement l’hôtellerie et les plages, mais aussi la possibilité de créer des centres de loisirs, à l’instar d’un projet de type Las Vegas existant autour de Port-Louis. » Pour attirer des touristes et des investisseurs, le gouvernement mène « une diplomatie économique » en Inde et en Chine. Air Mauritius ouvrira une liaison aérienne vers Shanghai en juillet prochain. « Mais bien sûr, il nous faudra étendre l’accès à notre espace aérien à d’autres compagnies », ajoute le vice-Premier ministre.
François Pargny
Attirer les investisseurs africains et asiatiques
Non seulement les objectifs d’investissements directs étrangers (IDE) à Maurice devraient être dépassés en 2010, mais l’exercice en cours devrait se révéler encore plus favorable. Ainsi, Prakash Maunthrooa, le directeur général du Board of Investissement (BOI), table sur des IDE de l’ordre de 268 millions d’euros en 2010 et 293 millions cette année.
Le BOI a ciblé de nouveaux marchés émergents, comme la Russie, le Moyen-Orient, l’Asie, notamment l’Inde et la Chine. « Nous voulons aussi établir un véritable partenariat entre l’Afrique et l’Asie », expose Pravind Jugnauth, vice-Premier ministre mauricien, en charge des Finances et du développement économique. Pour lui, le premier marché naturel de son pays, c’est l’Afrique. Maurice est membre de diverses organisations régionales, comme la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), le Marché commun d’Afrique orientale et australe (Comesa), la Commission de l’océan Indien (COI). Il bénéficie également des avantages de la loi américaine Agoa (African Growth Opportunity Act) permettant, en particulier, l’entrée en franchise de douanes du textile mauricien aux États-Unis. « Nous voulons être une plaque tournante vers l’Asie et l’Afrique et attirer des multinationales établissant leurs quartiers généraux chez nous », explique encore Pravind Jugnauth. Au total, son pays a conclu 37 traités de non double imposition, dont une douzaine avec des nations africaines : Botswana, Madagascar, Mozambique, Afrique du Sud, Rwanda, Sénégal, Tunisie, etc. Le BOI a aussi signé des accords de promotion conjoints et de facilitation avec des homologues de plusieurs États africains : Kenya, Tanzanie, Ouganda, République démocratique du Congo, etc.
Dans sa politique d’attraction des IDE, le gouvernement peut faire valoir sa 17e place dans le rapport Doing Business 2010 de la Banque mondiale, qui classe 183 économies en fonction de la facilité réglementaire à y faire des affaires. L’institution internationale note que Maurice a amélioré son attractivité, en adoptant « une nouvelle loi sur l’insolvabilité », en créant « une nouvelle division commerciale spécialisée au sein des tribunaux », en facilitant « les transferts de propriété » et en accélérant « les processus commerciaux ».
F. P.