Les exportateurs français doivent rester vigilants sur le suivi de leurs créances au Maroc : les comportements de paiement des entreprises y restent mauvais, dans le contexte d’une conjoncture plombée par la crise sanitaire. Une nette amélioration des délais de paiement moyens est cependant signalée selon les résultats de la dernière enquête menée par Coface en 2021 auprès des entreprises (380 entreprises en majorité PME, interrogées).
Premier indicateur du comportement de paiement très moyen des entreprises au Maroc : les délais de paiement interentreprise dans ce pays sont chroniquement longs atteignant 79 jours en moyenne en 2021, selon la dernière étude de Coface. C’est toutefois nettement mieux que pour la précédente étude menée en 2019 : cette durée a été raccourcie d’environ 14 jours.
Un peu moins d’un tiers des entreprises interrogées par Coface estime que le délai de paiement légal maximal de 60 jours fixé par la législation marocaine n’est pas respecté et près d’un tiers des entreprises a constaté des délais de paiement maximaux supérieurs à 180 jours.
A noter que le secteur qui pratique les délais les plus long est celui de la chimie : 134 jours en moyenne. Ils s’établissent à 95 jours dans le BTP, 88 jours dans les services aux entreprises, 82 jours dans la distribution et 80 jours dans l’énergie.
Des retards fréquents et élevés
Autre indicateur mal orienté : les retards de paiement, fréquents et de durée élevée. Selon Coface « près de la moitié des entreprises [Ndlr : 44,8 %] indiquent avoir connu un retard de paiement excédant trois mois au cours du dernier semestre ». Le nombre de retards supérieurs à 6 mois a progressé de 2,7 %.
Un point positif cependant : la part des retards de 90 à 120 jours a diminué de 5 points au profit de celle indiquant des retards courts (inférieurs à 30 jours).
Prudence sur les perspectives 2022
Globalement, selon Coface, les entreprises conservent « la perception d’une dégradation qui résulte surtout de l’impact majeur de la crise liée à la pandémie de Covid-19 ». Au Maroc, cette crise s’est en effet accompagnée de mesures gouvernementales drastiques de restriction des déplacement et rassemblements (confinement, couvre-feu, fermetures des frontières aux touristes étrangers, fermetures des écoles, de lieux de travail, interdiction de voyager) qui ont entravé l’activité économique.
Comment les entreprises perçoivent-elles leurs perspectives ?
D’après l’étude de Coface, la prudence prédomine, les réponses sont partagées : « presque la moitié anticipe une dégradation du climat des affaires et de la conjoncture économique. Un cinquième seulement voit une amélioration à l’avenir » souligne Coface.
Dans le détail, 21 % des entreprises déclarent s’attendre à une baisse de leur chiffre d’affaires au cours du prochain semestre 2022 et 39 % estiment que ce dernier augmentera et 41 % qu’il restera stable.
Cependant, le climat s’améliore : elles sont moins nombreuses (22 %) à anticiper une baisse de leur trésorerie au cours du semestre en cours alors que près de la moitié d’entre elles avaient déclaré une diminution au deuxième semestre 2021.
Côté conjoncture économique, après un fort recul du PIB du Maroc de -6,3 % en 2020 (après + 2,5 % en 2019), la croissance s’est redressée en 2021 (+ 4,5 % selon Coface), malgré les restrictions sanitaires et l’état d’urgence.
Une amélioration des délais de paiement s’en suivra-t-elle ? Les entreprises interrogées par Coface semblent pour leur part être convaincues que la sortie de crise sanitaire et la fin de l’état d’urgence joueront un rôle positif dans ce domaine. Et pour l’heure, une majorité n’anticipent pas d’aggravation pour 2022 : près de la moitié des entreprises s’attendent à une stabilité des délais de paiement contre un peu plus du tiers à ce qu’ils augmentent, selon l’étude.
Au-delà des comportements de paiement, un indicateur sera également à suivre de près par les responsables en charge du credit management : celui des défaillances d’entreprises. Comme partout ailleurs, l’année 2020 a contredit tous les pronostics grâce aux mesures d’aide aux entreprises prises par le gouvernement marocain : le nombre de défaillances a reculé de 22 % par rapport à 2019. Mais la tendance s’est retournée depuis : selon des données d’Inforisk citées par Coface, les dépôts de bilan ont bondi de 94 % au 1er semestre 2021, « un effet de rattrapage ».
C.G
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