Maroc/France : le «protectionnisme à l’emploi», frein à la coopération triangulaire en Afrique ?

La coopération, dite triangulaire, de la France et du Maroc pour opérer en Afrique a été l’axe central de la conférence d’ouverture du 2e Forum de partenariat Maroc France, à Paris, les 20 et 21 mai* . Pourtant, très concentré lors des débats, un Français qui a créé son entreprise au Maroc, tout en se félicitant du message délivré, n’a, toutefois, pas hésité, sous couvert de l’anonymat, à livré à la Lettre confidentielle un point de vue très critique sur les «contraintes » qui, selon lui, «empêchent de travailler facilement en Afrique » lorsqu’on est implanté au Maroc.

Et cet entrepreneur de pointer, notamment, « le protectionnisme à l’emploi du Maroc », qui, s’il peut s’expliquer, selon lui, « quand il s’agit du marché domestique », est « néfaste pour les entreprises qui veulent travailler à l’extérieur, par exemple, en Guinée Équatoriale, où on parle espagnol ».

De façon concrète, l’État marocain demande aux entreprises, locales ou étrangères, qui embauchent de privilégier les compétences locales. « Mais, quand on ne trouve pas au Maroc de personnel parlant l’espagnol, que l’on est, comme nous, dans un domaine d’activité pointu où, en plus, est recherché un profil très précis, on a des problèmes avec l’Administration pour recruter un étranger », livre l’interlocuteur de la L.C.

Du coup, pour échapper à des contraintes qu’il juge « bureaucratiques» et contraires à la volonté du gouvernement actuel de pousser les PME marocaines à l’export, notamment en Afrique subsaharienne, sa société utilise sa filiale en Europe pour embaucher à loisir pour autant que besoin. C’est ainsi que le directeur général de la filiale en Guinée Équatoriale a été choisi. « Il n’est pas marocain, mais il est celui qu’il nous fallait absolument», affirme-t-il, car, précise-t-il, « il connaît bien notre métier et parle espagnol».

François Pargny

* Maroc-France : de nouveaux marchés à conquérir ensemble en Afrique et en Europe

Pour prolonger :
-Maroc : les grands projets d’infrastructure moteurs de l’internationalisation économique
–Guide Business Maroc 2014