Historique et une première dans l’histoire de cette industrie : le transport maritime va enfin devoir s’impliquer activement dans la lutte contre la pollution et le réchauffement climatique.
Le Comité de la protection du milieu marin de l’Organisation maritime internationale (OMI), qui s’est réuni à Londres du 9 au 13 avril, a en effet adopté un texte qui propose au secteur de réduire les émissions de gaz à effets de serre des navires d’au moins 50% d’ici à 2050 (par rapport à 2008). Il fixe aussi à 2023 la date butoir de sa stratégie révisée en matière d’émissions de CO2. Le texte, adopté malgré la réticence de quelques Etats – l’OMI est une organisation d’Etats rattachée à l’ONU- rappelle également son objectif d’éliminer à terme ces émissions de gaz à effets de serre.
Certains observateurs considèrent cet objectif comme modeste au regard des ambitions fixées par l’Accord de Paris sur la lutte contre le changement climatique de 2016 : le secteur maritime, par lequel s’effectue 90 % du commerce mondial, est à l’origine, selon le site d’information actu.environnement.com de « 3% des émissions mondiales annuelles, soit l’équivalent des émissions totales de l’Allemagne », pays qui est le 6ème émetteur mondial. « En 2020, elles atteindront près de 1000 millions de tonnes de CO2, soit plus du double que leur niveau de 1990. En 2050, elles représenteront, à ce rythme, 17% des émissions globales de CO2 », poursuit le site.
D’autres préfèrent y voir une avancée prometteuse pour un secteur qui s’était tenu en retrait, jusqu’à présent, dans ce domaine, malgré des initiatives prises par certains armateurs.
« Une étape importante dans la décarbonation du transport maritime international »
Dans un communiqué publié par le ministère français de l’Europe et des affaires étrangères au lendemain de cette adoption, la France n’a d’ailleurs pas manqué de saluer cette avancée. L’OMI « y œuvrait depuis plusieurs années et avait pris l’initiative, lors du « One Planet Summit » du 12 décembre 2017, de proposer avec les îles Marshall une déclaration en ce sens soutenue par 48 Etats » rappelle le Quai d’Orsay.
Cette stratégie place le transport maritime sur la voie d’une réduction de l’intensité carbone d’au moins 40 % d’ici à 2030, dans la perspective d’une réduction de 70 % d’ici à 2050 et d’une réduction absolue du volume des émissions d’au moins 50 % en 2050 par rapport à 2008. « Il s’agit d’une étape importante dans la décarbonation du transport maritime international, en cohérence avec les objectifs de l’accord de Paris, et dans la mobilisation des industries concernées pour y parvenir », estime le Quai d’Orsay, qui indique que si rien n’avait été était entrepris, ces émissions auraient pu augmenter de 50 à 250 % d’ici 2050.
Dans un communiqué, le premier armateur français et numéro 3 mondial du secteur, le groupe CMA CGM, a lui aussi salué la nouvelle, rappelant à cette occasion qu’après avoir réduit de 10 % ses émissions de CO2 en 2017, il s’était fixé comme « objectif ambitieux de réduction supplémentaire de 30% entre 2015 et 2025 ». Pour atteindre cet objectif, CMA CGM a été le premier groupe de transport maritime au monde à décider d’équiper ses futurs porte-conteneurs de 22000 EVP de moteurs au gaz naturel liquéfié (GNL) en lieu et place du très polluant mazout.
Desk Moci
*Le communiqué final est consultable en français sur le site de l’organisation : www.imo.org
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