Accompagner 60 entrepreneurs de la high tech française sélectionnés en fonction de la maturité et du potentiel de leur projet chaque année : tel est l’objectif à 4 ans du nouveau French tech Hub de San Francisco, la premières des « maisons de l’international » à l’étranger promises par le président François Hollande à l’issue des Assises de l’entrepreneuriat, fin avril 2013. Elle est inaugurée aujourd’hui en grande pompe par le président français, à l’occasion de sa visite d’Etat aux Etats-Unis, mais elle disposera d’une antenne à Boston.
Le pari de ces « maisons de l’international » très high tech ? Etre de « véritables accélérateurs de croissance qui permettront aux entreprises françaises de gagner un an dans leur implantation à l’étranger et de profiter pleinement du potentiel de développement de ces grands marchés », souligne le dossier de presse.
Autrement dit, les entrepreneurs français triés sur le volet en quête de débouchés ou de partenaires américains seront accueillis et « coachés » dans la durée dans un pays caractérisés à la fois par une immense ouverture à l’innovation mais aussi par un environnement et des pratiques d’affaires très différentes de l’Europe. Le French Tech Hub américain ambitionne d’ailleurs, autour d’un « board of advisors », de structurer un réseau de dirigeants d’entreprises franco-américains qui seront censés fournir une sorte de tutorat des nouveaux.
Le réseau francilien de Nicole Bricq a joué à plein
Les écosystèmes locaux ont été pris en compte tout autant que les secteurs prioritaires du commerce extérieur français : si le dispositif de San Francisco, tout près de la Silicon Valley, sera plus particulièrement orienté sur le numérique (soit la famille de produits « mieux communiquer » chère à Nicole Bricq), celui de Boston, dans le Massachussetts, sera lui tourné vers les sciences du vivant, notamment les biotechnologies (« famille mieux se soigner »).
En l’occurrence, la mise en œuvre de cette promesse présidentielle est à mettre à l’actif de Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur -qui fait partie de la délégation présidentielle-, et à son pragmatisme tant il était inenvisageable de créer des structures de toutes pièces en période de disette budgétaire et de simplification des dispositifs. Surtout dans des délais si courts…
Parmi différentes options, c’est un partenariat Etat/Région qui a été finalement privilégié pour jeter les fondations des premières « maisons de l’international » expérimentales prévues initialement aux Etats-Unis et en Chine, notamment parce que certaines Régions disposaient déjà d’incubateurs sur place et que cela serait moins compliqué à mettre en œuvre rapidement sans forcément d’ingénierie juridique et financière lourde.
Pour les Etats-Unis, le réseau francilien de la ministre du Commerce extérieur a joué à plein avec notamment Denis Tersen, son directeur de cabinet, qui est l’ancien président de l’Agence régionale de développement (ARD) d’Ile-de-France et Jean-Claude Planchou, vice-président du conseil régional chargé du développement économique, dont elle est proche.
Comme nous l’avions indiqué dès l’été 2013 dans notre Lettre confidentielle (1), le French Tech Hub américain s’appuie en effet sur les fondations d’une structure existante de la région francilienne, Hubtech21, l’incubateur de l’ARD Ile-de-France aux Etats Unis, qui dispose aussi d’une antenne à Boston. Dans le cadre d’une convention signée avec Ubifrance, le dispositif change de nom en s’ouvrant à l’ensemble des entreprises françaises. Il associe comme co-fondateurs l’Etat, Ubifrance et Bpifrance. D’autres Régions sont appelées à investir dans le dispositif en fonction de leurs objectifs : outre Jean-Paul Huchon, le président de la Région Île de France, Alain Rousset, le président de l’Aquitaine était d’ailleurs présent pour l’inauguration.
La prochaine « maison de l’international » doit être implantée en Chine et s’appuiera sur un partenariat entre l’Etat et la Région Rhône-Alpes, qui dispose à Shanghai, dans l’enceinte du pavillon qu’elle avait bâti pour l’exposition universelle de 2008, de locaux spacieux dédiés à la promotion des savoir-faire et des entreprises de la région. Erai, son agence dédiée à l’accompagnement international, y dispose de son plus gros incubateur d’entreprises à l’étranger.
En attendant, le dispositif américain -qui sera piloté localement par Xavier Wartelle, le directeur d’Hubtech21- est présenté comme immédiatement opérationnel avec l’ensemble des moyens d’Hubtech21 aux Etats-Unis, deux conseillers seniors d’Ubifrance (l’un pour le numérique, l’autre pour les sciences du vivant) et même un expert technique international du ministère des Affaires étrangères.
Connecté au dispositif d’accompagnement français regroupé sous la bannière France Internationale (CCI et Uccife, CCEF, etc.), il compte aussi s’appuyer sur les professionnels et pôles de compétitivité en France, également partenaires du French Tech Hub, notamment pour trouver ses « clients ».
C. G.
(1) Lire notamment, dans La Lettre confidentielle :
La première maison de l’international inaugurée à San Francisco lors de la visite présidentielle
Un ticket Ile de France/Ubifrance pour la première « maison de l’international » aux Etats-Unis
Pour en savoir plus :
Consulter le dossier officiel du French Tech Hub américain attaché à cet article