Exporter un produit fabriqué en France est le meilleur remède à la crise du covid. C’est ce que Le Moci a vérifié en allant à la rencontre des exposants du dernier « Mif », le salon du Made in France (11-14 novembre, Paris Porte de Versailles).
« Notre PME plus que centenaire (1909) détient un savoir-faire unique dans l’émaillage, ce qui est un atout considérable à l’heure actuelle », explique au Moci Lorine Colas, directrice des Relations extérieures de cette PME. Basée à Niort, Eno compte une centaine de salariés et, depuis 2011, est labellisée Entreprise du patrimoine vivant (EPV) et certifiée Origine France Garantie (OFG).
Son marché a été florissant durant la pandémie : le covid incitant les ménages à cuisiner plus à la maison, le marché des planchas a augmenté de 30 % en un an. Une progression équivalente est enregistrée sur son second marché, celui des cuisinières pour bateaux de plaisance, le nautisme ayant le vent en poupe en ces temps de réduction des vols aériens.
Dans ce dernier segment de marché, après avoir racheté son concurrent canadien Force 10 à Vancouver, Eno a installé une filiale à Québec. Objectif : percer avec l’ensemble de son offre (planchas et cuisinières pour nautisme) sur le marché nord-américain, en profitant des différents accords commerciaux en vigueur : Comprehensive Economic and Trade Agreement /CETA entre l’Union européenne et le Canada ; et Accord Canada–États-Unis–Mexique /ACEUM.
Delavelle : « Notre développement passe obligatoirement par l’export »
Pour sa part, l’atelier de mobilier design Hugo Delavelle (13 salariés, 800 000 euros de CA à fin septembre, dont 10 % à l’export) participait pour la deuxième fois au Mif. Son fondateur en 2009, Hugo Delavelle, ébéniste et designer, a commencé son activité dans le garage familial, à Saulnot (Haute-Saône) avant de créer sa boutique en ligne, qui vient de faire l’objet d’une traduction en allemand.
En près de deux ans, cette société 100 % digitalisée a investi environ deux millions d’euros.
« Notre développement passe obligatoirement par l’export. Pour aborder progressivement divers pays d’Europe du Nord, nous allons attaquer la traduction en anglais de la boutique », prévoit le fondateur de la société, certifiée Programme for the Endorsement of Forest Certification (PEFC) pour la gestion durable du bois (99 % d’approvisionnement régional chez Delavelle) depuis 2012, et EPV depuis 2017.
Le Parapluie de Cherbourg : Le Made in France « rassure nos distributeurs »
Lors du Mif 2021, sur les 815 participants au total, une trentaine ont exposé sur le pavillon Normandie, à l’instar de la société cherbourgeoise Le Parapluie de Cherbourg (25 salariés, CA 2,1 millions d’euros à fin juin, dont 20 % à l’export), EPV depuis trois ans et OFG depuis le début de l’année.
« Le Made in France est un gage de qualité, qui rassure nos distributeurs au Japon et en Corée comme en Europe, lesquels sont tous des spécialistes du Made in France », souligne le président de l’entreprise familiale, Charles Yvon, conseiller du commerce extérieur de la France (CCEF) et membre du conseil d’administration de l’association Pro France, qui promeut la démarche OFG.
La PME, qui propose un produit résistant et intemporel (12 modèles et 20 coloris de parapluies), a connu une année étale en 2020. De nouvelles touches dans les pays frontaliers en 2021 et sa participation à l’exposition universelle Expo Dubaï, avec la région Normandie, lui laissent espérer une relance de l’export l’an prochain.
Filt : le filet à provisions, « devenu iconique » en Asie
Autres PME normandes, toutes deux EPV, le fabricant de filets à provisions Filt, né en 1860 à Mondeville dans le Calvados, et le producteur d’ustensiles de cuisine Mauviel, créé en 1830 à Villedieu les Poêles, cité du cuivre et de la dinanderie.
Au Mif, la première avait invité son distributeur américain, un spécialiste des produits français. Si les États-Unis constituent son premier marché, l’Asie n’est pas en reste. « Au Japon ou en Corée, nous représentons le style de vie à la française. Notre sac est ainsi devenu iconique, comme le béret et le camembert » se réjouit Catherine Cousin, directrice générale de Filt.
Avec 31 salariés, la PME espère réaliser 3 millions d’euros de CA en 2021, dont 50 % à l’export. Les ventes croissent aussi à Hong Kong et Taïwan et Filt livre aussi des filets à provision à de grands noms comme Longchamp.
Mauviel : des poêles, des États-Unis à la Malaisie
L’an dernier, en plein Covid, Mauviel a privilégié la rentabilité sur les ventes. « Pour autant, les achats sur notre site Internet ont explosé de 700 % en 2020 et de 40 % depuis le début de l’année. Par ailleurs, nous avons établi un plan stratégique à trois ans pour développer Mauviel aux États-Unis, en Australie, au Royaume-Uni et au Moyen-Orient, avec notamment notre participation à Expo Dubaï », détaille Valérie Le Guern Gilbert, présidente de cette société de 90 salariés, qui réalise un CA consolidé de 15 millions d’euros, dont 60 % à l’international.
Cette PME, qui possède une filiale dans le New Jersey avec un centre logistique, fabrique des produits multicouches, avec, pour base, quatre matières : cuivre, aluminium, inox, tôle noire. Auprès des professionnels comme du grand public, elle joue sur le rapport qualité-prix sur un segment haut de gamme : une poêle se vend ainsi entre 80 et 200 euros en Europe, 20 à 30 % plus cher aux États-Unis ; et une turbotière 1 500 euros.
Lors du dernier Mif, la PME normande a été démarchée par la directrice d’une société de distribution malaisienne. « Cette dirigeante, qui commercialise déjà les produits Mauviel dans son pays en se fournissant auprès de revendeurs en France, nous a proposé de vendre en direct en Malaisie », rapporte Valérie Le Guern Gilbert. Un projet intéressant, aujourd’hui à l’étude…
François Pargny