Avec l´intensification du conflit gazier entre l´Ukraine et la Russie, GDF Suez a tenu à rassurer ses clients le 6 janvier. Dans un communiqué, le groupe français affirme ne dépendre qu´à hauteur de15% du gaz russe dont les livraisons ont chuté de 70%.
En revanche, la dépendance des pays est-européens est bien plus importante. Elle va de 100% pour la Slovaquie à 50% pour la Pologne, en passant par à 64% à la Hongrie, 75% à la Grèce, 80% à la République tchèque et 90% pour la Bulgarie (par où transite aussi du gaz destiné à la Turquie dépendante à 67%). Certes, après le premier différent russo-ukrainien de 2006, tous ces Etats ont constitué des stocks conséquents de gaz mais cette situation reste préoccupante.
L´actuel bras de fer entre le très puissant russe Gazprom et Naftogaz, son alter ego ukrainien, met donc en lumière un fait indubitable : l´Europe va être de plus en plus dépendante du gaz importé. Pour mémoire, Gazprom a décidé de réduire drastiquement le volume de gaz transitant par l´Ukraine car, selon la compagnie russe, Kiev a commencé à pomper illégalement du gaz destiné au marché européen. Aujourd´hui, la Russie fournit 40% des volumes de gaz importé par l´Union Européenne, dont 80% transitent par l´Ukraine.
Cependant, à mesure que la production norvégienne va baisser, l´importance du gaz russe sera de plus en plus déterminante. D´ores et déjà, Gazprom a des contrats d´approvisionnement à long terme avec l´autrichien OMV (2026), le français GDF Suez (2030), l´italien Eni (2035), et l´allemand E.ON (2036). Un gazoduc passant sous la Baltique est d´ailleurs prévu pour approvisionner directement l´Allemagne en gaz russe. D´après un rapport du Centre de recherche en économie et droit de l´énergie (datant de mai 2007), en 2030, les importations de gaz couvriront 84% des besoins de l´Union européenne contre 62% en 2006.
Pour prolonger: relire dans le Moci blog Conflit Géorgie-Russie: quelles conséquences économiques ?
Jean-François Tournoud