Dans le village de Pontanevaux, dans la Saône-et-Loire, la société Loron & Fils est bien connue. Fondée en 1821 à l’initiative de Jean-Marie Loron, courtier près de Chénas, et de Joseph Charlet, propriétaire à Saint-Amour et Juliénas, cette maison au chiffre d’affaires de 34 millions d’euros en 2010 est la plus ancienne société familiale du Beaujolais. Déjà en 1774, Turgot, ministre des Finances de Louis XVI, achetait des pièces de vin au domaine des Billards, propriété des Charlet.
Fier de ses racines et de son terroir, Xavier Barbet représente la sixième génération de vignerons de sa famille.
« À 90 %, nous commercialisons des vins du Beaujolais et du Mâconnais. Et les 10 % restant sont des bourgognes. Donc nous ne sortons pas de la Grande-Bourgogne, ce qui est unique dans la région », affirme ainsi le Pdg.
La PME de 70 salariés a positionné ses vins dans une fourchette de prix parmi les plus élevés, puisque les crus de beaujolais son vendus au consommateur entre 7 et 12 euros le col et les appellations du Mâconnais entre 7
et 18 euros pour le pouilly-fuissé. Il est loin le temps où la société livrait du vrac. La mise en bouteilles a été lancée par le père de Xavier Barbier en 1968.
Depuis six à sept ans que Loron & Fils vend aussi sous ses propres étiquettes. Une demande des distributeurs en France (un tiers des ventes) et en Europe (un tiers des ventes aussi), qui ont voulu ainsi valoriser des produits de terroir. « À cette époque, nous nous étions déjà engagés dans une politique de vinification différenciée selon les appellations », relate le Pdg.
D’où la devise de la société : « terroir et diversité ». Dans la pratique, la maison Loron & Fils a cherché à adapter son savoir-faire aux caractéristiques du vin. Elle a ainsi adopté des macérations courtes, entre 8 et 12 jours, pour des produits avec des arômes et du fruit comme le chiroubles, et des macérations plus longues, jusqu’à 20 jours, pour d’autres crus du Beaujolais, comme morgon, moulin-à-vent, saint-amour ou juliénas.
Au fil des ans, Loron & Fils est devenu le premier vinificateur en crus de beaujolais, avec un volume global de 1,3 million de bouteilles par an. Sur ce total, ses 110 hectares de propriété lui fournissent 700 000 bouteilles des six principaux crus : brouilly, saint-amour, moulin-à-vent, juliénas, morgon et régnié. La PME familiale s’est engagée dans la viticulture raisonnée. Dans le Mâconnais, elle ne possède pas de propriété, ce qui ne l’empêche pas de vinifier jusqu’à 1,5 million de bouteilles de mâcon-villages, saint-véran et pouilly-fuissé. Enfin, il y a trois ans, elle a investi avec la Maison Louis Jadot dans un centre de vinification – le troisième — à Givry, dédié aux bourgognes rouges et blancs et aux crus de la côte chalonnaise.
Loron & Fils effectue un tiers de ses livraisons hors d’Europe. Comme tous les grands exportateurs, le producteur-vinificateur de Saône-et-Loire s’intéresse à l’Asie. Le beaujolais a séduit les Japonais, le rouge plaît aussi aux Chinois. Mais, globalement, ce sont surtout les blancs du Mâconnais qui sont expédiés à l’étranger :
la moitié des saint-véran, les deux- tiers des mâcon-villages et 80 % des pouilly-fuissé.
« C’est grâce au chardonnay que les Britanniques, comme les Nord-Américains se sont mis à boire du vin », rappelle Xavier Barbet. Certes, les marchés anglo-saxons ne sont plus aussi porteurs depuis la crise. Alors, l’entreprise fait le dos rond, et surtout diversifie ses marchés en Amérique latine, en Europe centrale ou en Russie.
François Pargny