Le volcan islandais crache toujours et les vols ont repris dès mardi à Roissy et en Europe continentale (Amsterdam, Cologne, Hambourg, Barcelone), mais pas encore de retour complet à la normale pour la Grande Bretagne.
Les volumes de marchandises restées à terre sont énormes et il faudra bien une dizaine de jours pour désengorger les entrepôts pour les flux export vers l´Asie. Le plus gros problème concerne les marchandises en provenance de Chine : des milliers de tonnes en attentes, qui ne seront pas résorbées avant plusieurs semaines. Les avions cargo d´Air China doivent reprendre au plus tard vendredi 23 avril. « Cela se fait très lentement, il n´y a même pas 20 % du trafic aérien qui est reparti. La priorité a été donné aux vols longs courriers », observe Joël Glusman, directeur général de Qualitair & Sea. En effet, une reprise à 100 % des vols longs courriers a été annoncée à compter du 21 avril.
L´éruption aura des conséquences financières, tant chez les grands prestataires logistiques que chez les chargeurs. « Il faut rappeler que 2 à 3 % du commerce mondial en volume, passe par les airs. Mais en valeur, c´est 40 % du trafic marchand de la planète qui prend l´avion. Il y a un impact sur l´ensemble de la chaîne logistique et ça peut aller très loin, si l´éruption ne se calme pas », avertit Olivier Layec, secrétaire général de la fédération TLF Overseas Air Cargo : « Nous avons maintenant plusieurs jours de retard de trafic normal, ce qui dépasse largement le type d´incident que nous connaissons, comme une grande grève ou une tempête ».
Pour Joël Glusman, « il est trop tôt pour apprécier les conséquences de cette situation en termes de perte de chiffre d´affaires. Si les vols se rétablissent rapidement, l´activité d´avril sera simplement reportée sur le mois de mai, traditionnellement plus plat. En revanche, si cet arrêt du trafic aérien devait se prolonger et que les entreprises perdaient des contrats, la situation économique, qui n´est déjà pas très brillante, pourrait s´aggraver.»
Pierre Laignel, responsable des flux overseas pour Gefco (transporteur et logisticien) précise la menace: «Nous réalisons près de 50 millions d´euros de notre chiffre d´affaires annuel avec le fret aérien. Nombre de nos clients ont les sites de production qui fonctionnent en flux tendus, comme L´Oréal, Ford ou PSA. Une semaine de plus comme ça, et ce sont des usines qui pourraient s´arrêter ».
Gilles Naudy