Si les transporteurs se montrent plutôt optimistes sur les perspectives du transport et de la logistique pour l’année prochaine, les chargeurs se montrent plus circonspects selon un sondage réalisé par la plateforme de gestion de transport Transporeon auprès de ses clients européens et américains.
Comme dans tant d’autres secteurs les acteurs de la logistiques et leurs clients sont dans l’expectative en cette fin d’année. Depuis la pandémie de Covid-19, les crises qui se sont enchaînées (guerre en Ukraine, tensions sino-américaines, conflits au Moyen-Orient, problèmes de sécurité en mer Rouge, sécheresse du canal de Panama…) et le retour prochain d’une politique ultra protectionniste aux Etats-Unis rendent difficile toute prévision.
Ceci étant, qu’ils soient transporteurs ou chargeurs, les professionnels interrogés par Transporeon s’accordent sur de nombreux sujets. 56 % d’ente eux se disent en effet préoccupés par la conjoncture économique, particulièrement inquiétante et qui hypothèque une reprise de la demande mondiale. La moitié des sondés craignent également de nouvelles perturbations en raison d’événements géopolitiques. Enfin, leur principale crainte porte sur la réduction des coûts, citée par 61 % d’entre eux.
Les chargeurs nettement moins optimistes que les transporteurs
« Avec les difficultés de l’industrie manufacturière en Europe et aux Etats-Unis, l’inflation, la faible croissance économique et les conflits armés dans plusieurs régions du monde, l’incertitude et le risque continueront à prévaloir », estime Transporeon. Pourtant, face à ce constat général chargeurs et transporteurs n’affichent pas le même niveau d’optimisme.
En effet, qu’ils soient intégrés dans une entreprise ou externalisés chez un prestataire, présents aux Etats-Unis ou en Europe, les services de transport et de logistique se disent optimistes à 75 % sur les perspectives de leur activité en 2025. L’augmentation de la demande de fret et des tarifs associée à une baisse progressive de la capacité peuvent en effet laisser augurer d’une meilleure rentabilité. Pour les mêmes raisons, les chargeurs sont seulement 38 % à se déclarer optimistes.
Coûts, développement durable et réglementation
Dans ce contexte, la maîtrise des coûts est une priorité importante pour les sondés, en particulier des chargeurs qui sont 76 % à la citer comme telle (vs 61 % des transporteurs). A 58 %, ces derniers citent l’expansion sur le marché, reflétant leur souhait de renouer avec la croissance après une période de ralentissement. Les deux autres priorités mises en avant par les répondants, à savoir la digitalisation de la chaîne d’approvisionnement et les initiatives en matière de développement durable, montrent en revanche des divergences entre les environnements français et américain.
Les répondants européens (59 %) sont en effet plus enclins que leurs homologues américains (39 %) à citer la digitalisation comme priorité. A l’inverse, les cadres européens accordent une plus grande importance au développement durable, reflétant la mise en œuvre plus avancée en des réglementations liées au développement durable et aux normes d’émission au sein de l’Union européenne.
Les promesses de l’IA
« Bien que la digitalisation ne soit pas la réponse à tout, les entreprises en reconnaissent les avantages, et visent à utiliser les outils numériques pour contrôler les coûts, mieux gérer les attentes des clients, et renforcer leurs initiatives en matière de développement durable », note Philipp Pfister, Chief Customer Experience chez Transporeon. La majorité des répondants (54 %) prévoit d’automatiser seulement 25 % ou moins des processus de transport d’ici à la fin de 2025. Seuls 10 % ont déclaré prévoir d’automatiser plus de 75 % de leurs processus ou transactions de transport. Il existe donc une importante marge de croissance, en particulier chez les tranporteurs, via l’IA, le machine learning et l’automatisation des process.
« L’IA et les plateformes qui l’utilisent peuvent faciliter les connexions avec un plus grand nombre d’expéditeurs, et rationaliser les processus de mise en correspondance du fret », croit Transporeon. Mais cette révolution technologique demande des investissements conséquents alors que la conjoncture économique reste pour l’heure on ne plus incertaine.
Sophie Creusillet