Le grand port du Sud a traité 77 millions de tonnes (Mt) de marchandises en 2022 enregistrant une hausse de 3 %. Cette année, le port de Marseille-Fos entend poursuivre ses investissements dans la décarbonation et le multimodal.
« Les résultats sont bons après deux années chahutées, s’est félicité Hervé Martel, le président du directoire du Grand port maritime de Marseille-Fos lors de la présentation du bilan 2022 le 24 janvier. En dehors de la sidérurgie, tous les segments d’activité ont dépassé leur niveau de 2019. »
Dans le détail, le trafic des marchandises diverses a augmenté de 1 %. Celui des conteneurs a atteint un nouveau point haut avec 1,53 million d’EVP (équivalent vingt pieds), soit 3 % de plus qu’en 2021, dont 230 000 EVP (équivalents vingt pieds) par le train tandis que le routier enregistre sa troisième année de recul.
Ouverture de trois lignes conteneurs
Trois nouvelles lignes conteneurs ont été ouvertes en 2022.
En septembre, MSC a ouvert à Fos une ligne feeder hebdomadaire avec l’Espagne, « Fos Shuttle », permettant à la compagnie de transborder via les ports espagnols les volumes import à Fos, notamment à la suite de l’arrêt de la ligne Dragon Asie-Méditerranée de l’alliance 2M en 2020.
A Marseille, CMA CGM a lancé deux nouvelles lignes hebdomadaires : TMX 1.2, assurant la desserte export des ports algériens de Bejaïa et d’Annaba, ainsi que les principaux ports turcs, et Medwax reliant Marseille au range nord de l’Afrique de l’Ouest.
Le nombre de remorques s’est élevé à 240000 unités, en progression de 7 %. Face a cette recrudescence du trafic des remorques avec le Maghreb et la Corse, les autorités portuaires étudient la possibilité de leur dédier un terminal. Le volume de voitures neuves, principalement en provenance du Maroc, où Renault et Stellantis ont des sites de production, mais aussi de Corée, a bondi de 17 % pour atteindre 241 000 unités.
Les vracs solides en recul de 3 %
Les vracs liquides ont augmenté de 5 %, à 45 Mt, dopés par 8,5 Mt d’import de GNL (en hausse de 43 %). A l’Algérie et eu Qatar, principales provenances du GNL, se sont ajoutés en 2022 les États-Unis et la Norvège.
Pénalisés par la crise de la sidérurgie, les vracs solides sont quant à eux en retrait de 3 %. La filière subit de plein fouet la hausse des prix de l’énergie, la hausse du coût des matières premières ainsi que la mise à l’arrêt de l’un des deux hauts fourneaux d’ArcelorMittal.
Elle est en revanche portée par le terminal minéralier de Fos qui affiche une progression de 12 % grâce aux opérations spot de stockage et de transbordement de houille en remplacement de la bauxite. Le terminal de Caronte lui aussi affiche une croissance de + 7 % grâce aux imports de ferrailles.
Des investissements en hausse de 20 millions d’euros en 2023
Le Port entend investir 80 millions d’euros (M EUR) cette année, contre 60 M EUR l’an dernier, et doubler l’enveloppe consacrée aux projets de transitions écologiques.
En 2023 la connexion électrique des navires à quai va donc se poursuivre, tout comme la mise en place d’un nouveau système de traitement des eaux de carénage. Également au programme : la mise en service d’un projet pilote de parc éolien en mer (Provence Grand Large), la poursuite du projet d’H2V pour la production d’hydrogène vert et de celui de Gravithy visant à ouvrir en 2027 une usine de fabrication de minerai de fer, produit en utilisant de l’hydrogène vert et bas-carbone.
Côté logistique, alors que les infrastructures actuelles sont au complet depuis 2021, le Port prévoit la création d’une nouvelle zone logistique, Distriport 2, avec une mise en service progressive entre 2023 et 2026.
Enfin, une partie des investissements sera consacrée à l’offre multimodale, maillon faible de l’offre marseillaise. Avec la fermeture programmée de la gare de fret du Canet en 2024, le Port et la Sncf prévoient de rationaliser le fret ferroviaire entrant dans Marseille. A Fos, le projet de « virgule ferroviaire » doit permettre le lancement en 2024 d’une liaison ferroviaire entre les faisceaux en arrière des deux terminaux à conteneurs.
Le Port de Marseille se verrait bien en tête de pont d’un axe maritime et fluvial Rhône-Saône. Sur le modèle d’Haropa, qui regroupe depuis 2021 le Havre, Rouen et Paris ? « Haropa est étendu sur trois sites alors que nous comptons une cinquantaine de sous-ensembles, ce qui appelle une structure d’un autre type ayant une fonction de chef d’orchestre », anticipe Christophe Castaner, le nouveau président du conseil de surveillance du Grand Port maritime de Marseille.
Sophie Creusillet