Interrogé par Le Moci, Pierre de Saqui de Sannes, conseiller institutionnel auprès de la direction du troisième armateur mondial, le français CMA-CGM, constate que la piraterie ne se situe plus dans le Golfe d´Aden, aujourd´hui sécurisé militairement, mais au large de l´Afrique de l´Est.
« La menace pèse sur le ravitaillement du Kenya, de la Tanzanie et du Mozambique. Nous avons affaire à des attaques plus nombreuses et violentes, jusqu´à l´entrée même des ports et de plus en plus loin au large. Car les pirates utilisent désormais les navires qu´ils ont capturés », indique-t-il.
Le conseiller de l´armateur français porte aussi le jugement suivant : « Face à la piraterie dans l´océan indien, la puissance publique n´est pas en mesure d´assurer la sécurité des navires ». Et de préciser : « Or, au terme de la loi française, nous, armateurs, n´avons pas le droit de recruter d´agents de sécurité privés. Ce qui pose un problème inacceptable pour nos équipages ».
Pour lutter contre la piraterie, Pierre de Saqui de Sannes énonce les solutions retenues à ce jour : « Nous installons des barbelés sur les passerelles, pour rendre plus difficiles les abordages. Nos équipages s´équipent de gilets pare-balle et de casques, pour les protéger des tirs qui visent à arrêter le bateau. Nous pratiquons des vitesses supérieures à 18 nœuds pour échapper aux attaques.
Nous allons même jusqu’à embarquer des équipes d´hommes armées sur certaines lignes, dès lors qu´il ne s´agit pas du pavillon français. Pour ce dernier nous pouvons obtenir une équipe de protection embarquée, à condition d´en faire la demande et de satisfaire à des critères stratégiques précis. La procédure peut être lourde».
C´est pourquoi, Anne Sophie Avé, délégué général d´Armateurs de France, tient à rappeler que « la sécurité du commerce maritime est une mission régalienne des Etats. Et nous avons demandé au président de la République qui préside le G20, d´attirer l´attention des chefs d´Etat sur ce point ».
Gilles Naudy