Entre crise sanitaire, tensions géopolitiques et montée en puissance de l’intelligence artificielle (IA), le transport et la logistique sont en pleine ébullition. La plateforme de gestion de transport allemande Transporeon a tenu son sommet annuel les 18 et 19 septembre à Vienne. L’occasion de faire le point sur les grandes tendances de ce secteur.
Transporteurs, gestionnaires d’entrepôts, chargeurs, responsables de supply chains… Il y a foule au palais de la Hofburg pour suivre conférences et ateliers sur les grands sujets qui animent aujourd’hui les acteurs de ce secteur déterminant pour le commerce international. Sans surprise, l’intelligence artificielle (IA) est sur toutes les lèvres. « La capacité à prendre des décisions fondées sur des données est le principal enjeu des supply chains des entreprises pour les cinq prochaines années, selon l’édition 2023 du sondage d’Indago », a rappelé Adrian Gonzales, président et fondateur d’Adelante, une communauté d’affaires dédiées à la chaîne d’approvisionnement.
Les autres priorités évoquées par cette étude tournent également autour de cette révolution technologique : développer des relations plus collaboratives et plus transparentes avec ses fournisseurs, investir dans la visibilité de la supply chains ou encore accélérer les efforts de transition digitale. Et la pression exercée par cette transformation technologique pourrait laisser les retardataires sur le carreau. Entre un transporteur qui vous propose un outil de suivi fiable de votre marchandise et les autres, le choix est en effet vite opéré.
Les taux spot ont dépassé les taux contractuels
Du côté des transporteurs, l’activité dépend de celle de la production et, comme le montrent les indices PMI en Europe, la situation est loin d’être au beau fixe. « Au cours du troisième trimestre, les carnets de commande des entreprises manufacturières ont atteint leur plus bas niveau depuis le début de l’année, ce qui les a conduites à se replier en réduisant leurs achats d’intrants, les effectifs et les stocks, a résumé Adrian Gonzales. En août, les deux piliers de l’économie européenne, la France et l’Allemagne ont enregistré les baisses les plus importantes et seules l’Espagne, la Grèce et l’Irlande ont affiché des indices en croissance, mais de manière moindre. »
De plus, les capacités de transport sont toujours réduites, dans le routier, comme dans le maritime et l’aérien. Cette réduction de l’offre de transport, qui complique la vie des chargeurs, a également eu pour effet de voir augmenter la part du spot (les contrats de transport de fret ponctuels) sur le marché du fret. « Les taux spot ont augmenté tout au long de l’année et sont maintenant supérieurs aux taux contractuels », a précisé le spécialiste. C’est donc une des tendances fortes relevée par l’étude.
Plus sensible à la conjoncture, le marché spot et également beaucoup plus souple pour les entreprises. Il permet de ne pas s’engager à trop long terme quand la conjoncture est incertaine et de gérer l’imprévu, comme des expéditions de dernière minute.
Les chaînes d’approvisionnement toujours en cours de reconfiguration
Enfin, trois autres tendances, actuellement à l’œuvre, vont continuer à marquer le secteur dans les mois à venir, selon Adrian Gonzales. A savoir : l’arrivée des camions électriques, impératifs pour respecter les objectifs de décarbonation (mais chers à l’achat et ayant pour l’instant une autonomie limitée), la reconfiguration des supply chains par les entreprises, en recherche d’optimisation et, enfin, la manque de chauffeurs routiers. « La moitié des entreprises de transport ne peuvent se développer pour cette raison ».
Les chargeurs n’en ont donc pas fini avec ces tendances qui se sont largement déployées depuis la crise sanitaire. Mais l’évolution technologique du secteur, menée tambour battant par ses acteurs, propose de nouvelles solutions aux chargeurs.
Sophie Creusillet