Devançant l’Union européenne, l’Association européenne de libre-échange (AELE), qui réunit quatre pays européens non-membres de l’UE (Islande, Liechtenstein, Norvège, Suisse), a conclu le 10 mars un accord de libre-échange après 16 ans de négociations.
L’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse ont fini par s’entendre avec l’Inde sur les modalités d’un partenariat économique avec leur organisation commune, l’AELE. Qualifié d’« historique » par l’AELE, cet accord de partenariat commercial et économique prévoit des investissements en Inde à hauteur de 100 milliards de dollars (Md USD) sur les quinze prochaines années. En contrepartie, l’Inde s’engage à lever la quasi-totalité (95 %) des barrières douanières grâce auxquelles elle protège son marché domestique.
Les tarifs douaniers de l’AELE étant relativement faibles, l’accord affectera positivement surtout les exportations des quatre pays européens à destination de l’Inde. Moins taxés à la frontière, ces produits devraient voir leur prix de vente baisser et les ventes se multiplier. Exemple avec la Suisse, qui truste plus de 90 %, des échanges commerciaux des quatre pays avec l’Inde : les montres sont frappées de droit de douane atteignant 30 %. Même sort pour les chocolats taxés à 20 %.
Des échanges déséquilibrés
Les échanges entre ces quatre « petits » pays européens et le pays le plus peuplé au monde avec 1,4 milliard d’habitants sont particulièrement déséquilibrés. Les exportations des quatre pays de l’AELE se sont élevées à 17 Md USD en 2023 et sont essentiellement constituées de machines-outils, de produits pharmaceutiques, de matériel médical et de montres. A l’inverse, les exportations indiennes (produits chimiques, pierres et bijoux, textiles) ont plafonné à 2 Md EUR. Ce décalage s’explique essentiellement par le fait que sur les 17 Md USD d’exportations de l’AELE, 13 Md USD concernent l’or vendu par la Suisse.
Selon un communiqué de l’AELE, la signature de cet accord, après 16 ans de négociations, « devrait apporter des avantages économiques significatifs, tels que des chaînes d’approvisionnement mieux intégrées et plus résistantes, de nouvelles opportunités pour les entreprises et les personnes des deux côtés, conduisant à une augmentation des flux commerciaux et d’investissement, à la création d’emplois et à la croissance économique ».
Un marché en pleine expansion
En outre, les autorités indiennes estiment que les investissements des entreprises norvégiennes, du Liechstenstein, islandaises et surtout suisses permettraient de créer un million d’emplois au cours des quinze prochaines années, une aubaine dans un pays qui peine à créer des emplois qualifiés pour sa jeunesse.
Décidée à ouvrir son marché aux investissements et produits étrangers, l’Inde a signé ces dernières années des accords de libre-échange avec l’Australie et les Emirats arabes unis. D’autres sont en préparation avec le Royaume-Uni et l’Union européenne. En attendant, cet accord permet aux entreprises des pays membres de l’AELE de prendre pied sur un marché compliqué mais immense, dont le PIB devrait afficher une croissance de 7 % sur l’année fiscale2023-2024 et où la constitution d’une classe moyenne laisse augurer de belles opportunités de marché.
Sophie Creusillet