Le blocus appliqué au Qatar par l’Arabie Saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis et Bahreïn depuis trois ans et demi est définitivement levé depuis le 5 janvier. Un accord rétablissant toutes les relations entre ces cinq pays a été signé le 5 janvier lors d’un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG)* organisé sur le sol saoudien, à al-Ula, dans le nord du pays, auquel l’émir qatari Tamim ben Hamad Al Thani a assisté.
Concrètement, cet accord permet le rétablissement des relations diplomatiques entre ces différents pays ainsi que la réouverture des frontières terrestres, aériennes et maritimes. Dès le 4 janvier, après une déclaration officielle du Koweït annonçant le futur accord, l’Arabie Saoudite avait réouvert ses frontières pour permettre le déplacement du dirigeant qatari. Signe que l’heure est à la réconciliation, même de façade, celui-ci a d’ailleurs été accueilli sur le tarmac de l’aéroport par le prince héritier et Vice-Premier ministre saoudien Mohammed ben Salmane ben Abdelaziz Al Saoud.
Le blocus avait compliqué le commerce
Une issue qui devrait réjouir les milieux d’affaires de la région, notamment français.
La France entretient des relations diplomatiques et économiques solides avec l’ensemble des pays impliqués. Le président Emmanuel Macron avait effectué plusieurs visites dans la région dès fin 2017, première année de son mandat, passant par l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis les 7-8 novembre (à l’occasion de l’inauguration du Louvre d’Abu Dhabi), puis le 7 décembre par le Qatar. A l’occasion de cette dernière étape, 12 milliards d’euros de contrats avaient été signés.
Si ce blocus a été peu efficace pour étouffer le Qatar, obligeant au contraire cet émirat assis sur un pactole gazier et niché sur une presqu’île donnant sur le Golfe persique à accélérer sa stratégie d’autosuffisance, il avait compliqué les relations économiques et le commerce international dans la zone.
Doha avait dû en effet réorganiser ses circuits d’approvisionnement et d’exportation avec l’appui de la Turquie et de la Russie, deux pays qui disposent d’une base militaire dans l’émirat. Qatar Airways, compagnie aérienne florissante, devait contourner l’immense espace aérien saoudien pour desservir les continents américains et africains.
Des sociétés étrangères, notamment françaises, qui géraient le marché qatari depuis Dubaï avaient, par exemple, dû relocaliser leurs bases en partie en Europe ou à partir de la Turquie, pays allié de cet émirat du Golfe, ou ouvrir des bureaux aux Qatar.
Apaisement des tensions entre les pays du Golfe
Surtout, cet accord, obtenu avec le soutien d’une médiation menée par le Koweït et les États-Unis, marque un apaisement des tensions entre les pays du Golfe.
A l’origine, ce blocus avait été instauré le 5 juin 2017 par l’Arabie Saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis et Bahreïn pour sanctionner le Qatar, accusé de soutenir l’Iran et de mener des manœuvres de déstabilisation dans la région, grâce notamment à sa proximité avec les Frères musulmans et la puissance de frappe médiatique de la chaîne d’information qatarie Al-Jazeera.
Un ultimatum avait été lancé à Doha par les quatre alliés avec une liste de 13 demandes auxquelles Doha avait refusé de se plier. Parmi elles, certaines étaient irréalistes telles que la fermeture pure et simple d’Al-Jazeeraou la fermeture d’une base militaire russe.
Les États-Unis de Donald Trump ont pesé de tout leur poids pour pousser cet accord avant l’élection présidentiel, avec pour objectif de rétablir une certaine cohésion régionale et d’isoler davantage l’Iran.
C.G
*Sont membres du CCG : Arabie saoudite, Koweït, Bahreïn, Qatar, Emirats arabes unis et le sultanat d’Oman