« S’agissant des autorisations sanitaires qui freinent nos exportations de charcuterie, le sujet se discute au niveau ministériel. En revanche, en ce qui concerne la levée de l’embargo sur la viande bovine européenne, nous avons fait passer un message à la présidente coréenne, Park Guen-Hye, lors de sa visite en France le 4 novembre », vient de confier à la Lettre confidentielle du Moci un collaborateur du ministre français délégué à l’Agroalimentaire, Guillaume Garot.
Le sujet est d’autant plus sensible pour les Européens que Séoul a levé l’embargo qui frappait les Etats-Unis suite à la crise de la vache folle (Encéphalopathie Spongiforme Bovine/ESB). Une décision qui avait poussé un million de Coréens à manifester dans les rues. « Et les autorités du pays ne manquent jamais de nous rappeler cet épisode douloureux pour justifier le statu quo », explique l’interlocuteur de la LC. C’est que malgré l’accord de libre-échange qui lie désormais la Corée du Sud et l’Union européenne, la conquête du marché alimentaire de ce pays est une longue marche pour un certain nombre de produits français à base de viande animale.
Toutefois, à force de lutter contre cette mesure discriminatoire, l’étau, semble-t-il, se desserre. A la demande du partenaire asiatique, les Pays-Bas, la France, l’Irlande et le Danemark ont commencé à remplir un questionnaire d’évaluation, récapitulant, par exemple, les dispositions prises pour lutter contre l’ESB et les tests effectués. Questionnaire qui pourrait être transmis à Séoul avant la fin de l’année.
S’agissant des salaisons, lors du voyage récent de Guillaume Garot en Corée du Sud (29 octobre-1er novembre), ses équipes ont annoncé que trois charcuteries industrielles – Mont de la Coste, Salaisons de l’Adour et Brocéliande-AHL – venaient d’obtenir le feu vert sanitaire pour exporter dans ce pays. En revanche, ce n’est pas le cas de trois autres d’entre elles – Arrighi, Prunier, Salaison et Conserves de Rouergue – « tout simplement parce que les auditeurs missionnés par le ministère coréen de l’Agriculture et le nouveau ministère de la Sécurité des aliments et des médicaments (MFDS), créé par la présidente Park, n’ont pas échantillonné ces entreprises », regrette un industriel.
D’où la volonté des services de Guillaume Garot d’établir eux-mêmes la liste des établissements à auditer. «Nous négocions un pré-listing, qui pourrait compter une trentaine de sociétés françaises, mais l’équipe du ministre coréen de l’Agriculture, Dong-Phil Lee, ne semble pas vouloir lâcher le morceau », déplore-t-on dans l’entourage du ministre. En revanche, lors de leur mission de septembre dans l’Hexagone, les auditeurs coréens ont revisité quatre sites français spécialisés dans la viande de porc fraîche, qu’ils avaient auparavant autorisés à exporter, à savoir Copperl Arc Atlantique, Établissements Abera, Jean Floc’h et Bernard. Et tous ont à nouveau été « listés ».
François Pargny