Un accord sur l’investissement et une solution négociée aux conflits commerciaux qui menacent entre Bruxelles et Pékin sur la question des panneaux solaires et du vin étaient au menu officiel et officieux de la visite à Pékin du Commissaire européen au commerce, pour la session annuelle du
comité mixte UE/Chine, le 21 juin.
D’après ce qui a filtré de cette réunion, Karel de Gucht a d’abord confirmé
aux autorités chinoises avoir sollicité auprès des Vingt-sept un mandat pour
négocier un accord d’investissement entre les deux blocs. « Il s’agit d’une
priorité pour l’Europe », a souligné le Commissaire au commerce, précisant les deux
objectifs clés poursuivis côté européen : d’une part la protection réciproque
des investissements et la sécurité juridique pour les investisseurs ; d’autre
part l’amélioration de l’accès au marché chinois, incluant l’épineuse question
des entreprises conjointes obligatoires en Chine.
« L’accès et les conditions
de marché en faveur des entreprises européennes sont vraiment au cœur de notre
ambition d’une relation plus profonde, plus efficace et plus stable du commerce
». Au cours d’un entretien avec son homologue Gao Hucheng, le Commissaire
aurait notamment évoqué les problèmes rencontrés par les entreprises
européennes dans un certain nombre de secteurs liés aux marchandises, tels que
les cosmétiques et les dispositifs médicaux, et en matière de services
financiers et de télécommunications.
Une solution négociée, mais pas à n’importe quel prix
Si le sujet n’était pas inscrit à l’ordre du jour officiel
des discussions bilatérales, le différend commercial UE/Chine sur les panneaux
solaires a bien sûr été abordé par les dirigeant en coulisses de la réunion.
Pressé par une majorité d’Etats membres craignant des représailles chinoises,
Karel de Gucht a continué à plaider pour une solution négociée mais pas à
n’importe quel prix. Selon le Commissaire, Pékin devra aussi montrer sa volonté
de réparer le préjudice causé par ses pratiques de dumping. «Comme je l’ai dit
maintes et maintes fois au cours de l’enquête, l’UE n’a qu’un seul désir :
trouver un règlement négocié le plus rapidement possible sur la base des
actions qui peuvent éliminer le préjudice causé par le dumping sur notre
marché: rien de plus, rien de moins », a-t-il insisté.
Les discussions
techniques en vue d’un règlement négocié ont débuté la semaine passée à
Bruxelles et se sont poursuivies à Pékin. La prudence reste de mise, mais Karel
De Gucht semblait un peu plus optimiste, cette fois, quant à l’issue des
pourparlers. Il a ainsi souligné avoir « bon espoir » de voir une
solution se dégager « au plus tard début juilet ». Egalement
interrogé sur la menace chinoise de taxer lourdement le vin européen, le
Commissaire s’est montré plus évasif, ironisant sur le « désir des Chinois
de continuer à boire d’excellents vins européens ». Mais selon nos
informations, ses services plancheraient actuellement sur les motifs avancés
par la Chine. Si
Pékin met sa menace à exécution, l’enquête formelle pourrait être ouverte dès la
mi-juillet. Les droits additionnels provisoires seraient, dans ce cas de
figure, imposés deux mois plus tard. De source européenne proche du dossier, la Commission envisage
déjà de riposter en portant le dossier à l’OMC.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles