Angela Merkel peut se réjouir. La machine exportatrice allemande a repris de la vitesse. Son commerce extérieur en net repli en 2013 croit en 2014, malgré les restrictions commerciales qui ont affecté certains de ses marchés phares comme la Russie.
L’Allemagne profite surtout de l’allègement des sanctions envers l’Iran, qui a réouvert l’accès aux produits pétrochimiques, au commerce de l’or et des métaux précieux et aux transferts financiers. Les exportations allemandes vers Téhéran ont augmenté de 33% de janvier à juillet 2014 par rapport à l’année dernière, indique l’Office allemand des statistiques. Berlin s’affirme ainsi comme le leader –et le grand bénéficiaire- des exportations des 28 États membres de l’Union européenne vers l’Iran, dont les exportations totales ont augmenté de 12% pour la même période.
Ces performances vers l’Iran compensent aussi les pertes sur le marché russe, qui ne cessent de s’accroître. De janvier à juillet 2014, les exportations allemandes vers Moscou ont décliné de 15,3% par rapport à l’année précédente, et cela sans compter l’impact de l’aggravation des sanctions européennes, élargies en septembre, et de l’embargo russe décidé en retour début août sur les produits alimentaires européens.
Berlin, qui se montre très sceptique face à un accroissement des sanctions envers la Russie, et plutôt favorable à la levée des sanctions envers l’Iran, voit son influence grandir au sein des institutions européennes. Les fonctionnaires allemands dirigent ainsi cinq cabinets de commissaires européens. A comparer à la France, qui n’a obtenu qu’un seul poste de direction, avec une influence réduite au cabinet de Pierre Moscovici.
Cécilia Malmström, la nouvelle commissaire au Commerce, l’a bien compris. Et c’est à Berlin, non à Paris, qu’elle a décidé le 11 novembre de faire son premier déplacement officiel hors de Bruxelles, pour comprendre notamment les réticences allemandes à la clause sur les tribunaux d’arbitrage (ISDS) dans le projet de Partenariat pour le traité transatlantique (TTIP). C’est un « avantage énorme pour l’Europe en matière de croissance et d’emploi, notamment pour nos petites et moyennes entreprises. Cela est particulièrement vrai pour l’Allemagne en tant que pays exportateur », a-t-elle ainsi lancé au ministre allemand pour les Affaires économiques et énergétiques, Sigmar Gabriel, défendant avec conviction, le TTIP.
Loreline Merelle, à Bruxelles