Aide (privée) à l’export : Stratexio recrute ses premiers patrons à Nantes

C’est en toute discrétion que Stratexio, association créée en septembre 2014 par le Medef, le GFI (Groupement des fédérations industrielles), CCI International et l’OSCI (Opérateurs spécialisés du commerce international), recrute actuellement les premiers chefs d’entreprises volontaires pour suivre son programme d’accélération à l’export, et c’est à Nantes qu’elle devrait lancer officiellement le premier de ses « clubs Stratexio ».

Quelque 16 chefs d’entreprises sélectionnés par la CCI et le Medef régionaux parmi 30 dossiers de candidatures devraient être accrédités, a confirmé à la Lettre confidentielle Vincent Moulin-Wright, directeur général du GFI, en marge d’une conférence de presse du GFI le 31 mars sur le thème « la reprise industrielle est-elle là ? ». Vincent Moulin Wright a piloté la préfiguration de l’association Stratexio et en est la cheville ouvrière en tant que secrétaire général. Le premier club pilote qui verra le jour en mai prochain comptera 12 chefs d’entreprises, les 4 autres devant rejoindre un autre club dès que suffisamment de leur pairs auront été accrédités. Chaque club ne comptera pas plus de 12 membres.

Qu’est-ce qui attend ces chefs d’entreprises ? Créé sur sur le modèle des club « APM » de l’Association pour le progrès du management (APM), ce seront des lieux d’échanges et de partages entre entrepreneurs autour de thématiques qu’ils auront choisies, axées sur leurs blocages ou leur difficultés à l’export. Le programme proposé par Stratexio mêle formations collectives -4 par an minimum- et coaching personnalisé en fonction des besoins de chaque cas, avec l’intervention de consultants professionnels. Objectif final : la signature et la mise en oeuvre d’un « contrat d’accélération » et d’indicateurs de progrès pour développer leur entreprise à l’export. Le tout pour 8 000 à 10 000 euros par an.

Autant dire que l’engagement en temps et en argent n’est pas anodin. Pour la première expérimentation à Nantes, la Région Pays de la Loire a tout de même donné un coup de pouce, avec une subvention de 3 000 euros par PME. « C’est appréciable, nuance Vincent Moulin Wright. Mais ce n’est pas ce qui motive les chefs d’entreprises : quand ils sont décidés, ils s’investissent ». Sur les 16 premiers accrédités, les trois quarts sont des patrons de PME, le reste d’ETI.

Après ce premier club pilote à Nantes, Stratexio espère mettre rapidement en place trois autres clubs dès cette année en Rhône-Alpes, Haute Normandie et Île de France, « où il y a une forte demande », précise Vincent Moulin Wright. Et, si l’expérience est concluante, une cinquantaine d’ici trois ans sur tout le territoire, pour former et coacher entre 100 et 120 nouveaux chefs d’entreprises chaque année.

Vincent Moulin Wright est d’autant plus confiant qu’il a reçu des marques d’intérêt de plusieurs sponsors privés -banques, compagnies d’assurance-crédit, institutions- pour financer le projet et le soutien de la plupart des opérateurs publics du dispositif de soutien aux exportateurs, dont Business France et Bpifrance, qui avait pu le percevoir un temps comme un doublon à leurs chargés d’affaires internationaux (CAI) dans les régions. « Nous avons cherché à dialoguer et trouver des coopérations avec tous les acteurs » insiste le secrétaire général. La directrice générale de Bpifrance, Muriel Pénicaud aurait ainsi compris tout l’intérêt d’avoir un tel outil de détection d’entreprises à potentiel en amont, et Bpifrance a donné son accord pour faire participer Stratexio a son programme d’accélérateur de PME, lancé début mars**.

La cible : quelque 20 000 entreprises déjà exportatrices mais concernées par la nécessité d’accélérer, dans un pays dont près de 80 % des exportations sont assurées par à peine 1 % des entreprises les plus grandes. Face au manque d’appétit des PME et ETI françaises pour l’international et à l’activisme des opérateurs publics dans ce domaine, la réponse du patronat français, encore peu bavard sur les opportunités de l’export dans ses discours économiques généraux***, se met donc lentement en place.

Christine Gilguy

*Aides à l’export : l’offre privée d’accompagnement ” Stratexio ” se met en place 
**Le programme “‘Accélérateur PME” de Bpifrance et de la DGE passe par l’international
*** France-GFI : l’industrie tarde à profiter de la baisse de l’euro pour rebondir à l’export