Après les propos du Premier ministre Manuel Valls, le 26 août lors de la Semaine des ambassadeurs, annonçant le « transfert de l’activité publique de Sopexa à Business France », on s’y perd entre les interprétations de l’une ou de l’autre des deux entités, signe qu’au delà du principe acquis de ce transfert, beaucoup reste encore à faire pour préciser les modalités…. «Quand on a vu votre titre de la semaine dernière « Sopexa va transférer à Business France ses activités de service public » (*), on a eu très peur », avoue ainsi à la Lettre confidentielle Anaïs Maury, directrice du cabinet de Jean-René Buisson, président de la Sopexa, société de communication et de marketing spécialisée dans l’agroalimentaire.
Elle corrige : seule une partie de l’activité publique, qui est dévolue à Sopexa sous forme de délégation de service public (DSP) par le ministère de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, sera transférée à Business France. Et d’expliquer que les documents publiés à ce sujet, suite à une réunion interministérielle, le 28 juillet, « ne sont pas suffisamment clairs» et que «sans doute à Matignon on a pris un raccourci ». Selon Anaïs Maury, seules les mini-expositions, appelées «24H Expo» dans sa société, passeront à l’opérateur public le 1er janvier prochain, puis, un an plus tard, les pavillons France dans les salons. Les autres opérations B to B, comme les actions B to C, resteront dans le giron de la Sopexa, insiste-t-elle, notamment l’organisation de visites d’acheteurs étrangers, les semaines françaises de distributeurs, l’événement « l’Apéritif à la française », des conférences, etc. Dont acte.
Sauf que Muriel Pénicaud, directrice générale de Business France, dans une interview exclusive à paraître dans Le Moci le 17 septembre, déclare que « les mini-expositions et autres opérations B to B » passeront dans le giron de son agence le 1er janvier prochain et que « tout ce qui concerne le B to B à l’export fera l’objet d’une convention entre le ministère (de l’Agriculture et de l’agroalimentaire) et Business France ». Cherchez l’erreur !
Une lettre du 4 septembre de Catherine Geslain-Laneelle…
Pour essayer d’y voir plus clair, la LC a mené l’enquête dans les milieux agricoles. Il semble que la thèse défendue par Sopexa tienne la route, si on se réfère à une lettre de Catherine Geslain-Laneelle, directrice générale de la Performance économique et environnementale des entreprises au ministère de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, en date du 4 septembre. Plusieurs protagonistes sont destinataires, dont évidemment la direction de Sopexa et celle de Business France.
Dans cette lettre, que la LC a pu consulter, Catherine Geslain-Laneelle fixe au 1er janvier 2016 le transfert « des opérations mini-expositions (« 24H Expo ») » et au 1er janvier 2017 celui de « l’organisation des pavillons de la France dans les salons internationaux ». Elle n’indique pas que les autres opérations B to B seront portées à l’actif de Business France. La directrice générale précise encore que « ce transfert de mission s’accompagnera d’un transfert de moyens humains (17 ETP ; en jargon ministériel, 17 personnes équivalent temps plein) et financiers à due concurrence sur la base du montant financier annuel de la délégation de service public que le ministre va soutenir dans les négociations budgétaires du projet de loi de finances pour 2016, c’est-à-dire sept millions d’euros ».
Catherine Geslain-Laneelle annonce enfin qu’elle va « très prochainement » organiser une réunion de travail avec toutes les parties (ministères concernés, Business France, Sopexa). Peut-être, y verra-ton plus clair après cette rencontre… Il faudra évidemment que ces écrits et les détails du transfert soient précisés et validés par le ministre de tutelle, Stéphane Le Foll, et peut-être aussi le chef du gouvernement en personne…
François Pargny