Déjà propriétaire des salons internationaux du tissu d’habillement Texworld et des vêtements et accessoires Apparel Sourcing, Messe Frankfurt France continue à miser sur la place française pour toucher de nouveaux segments du secteur textile. Il va ainsi lancer deux nouveaux évènements professionnels dans le textile en France cette année Avantex et Avanprint.
Avantex, consacré aux tissus high-tech pour la mode, rendez-vous bisannuel, se tiendra, pour la première fois cette année, du 14 au 17 septembre, aux côtés de Texworld et d’Apparel Sourcing au Bourget. Avanprint, dédié aux acheteurs du textile et aux professionnels du sourcing intéressés par les technologies d’impression numérique 2D et 3D, salon annuel qui se déroulera, pour la première fois l’an prochain, du 15 au 18 février au Bourget, parallèlement également à Texworld et Apparel Sourcing et donc aussi Avantex.
Pour ces deux manifestations, Messe Frankfurt France table sur une trentaine d’exposants, « mais d’ici trois à cinq ans, nous pensons que leur nombre aura triplé pour Avanprint », a livré son président Michael Scherpe, lors d’une conférence de presse à Paris, le 30 juin. Pour Avantex, a-t-il ajouté, « les possibilités sont beaucoup plus larges, mais les prévisions plus difficiles. Cela dépendra du moment où le secteur basculera vers un marché de grande consommation ».
Avantex : donner aux designers l’accès à l’industrie du textile technique
Avant cette conférence, Michael Scherpe révèlait à la Lettre confidentielle qu’il avait été à l’origine d’Avantex il y a quinze ans, mais que « le concept n’avait pas pris, sans doute parce que le marché n’était pas mûr à l’époque ». En outre, à l’époque, la maison mère, Messe Frankfurt GmbH, avait décidé de délocaliser son salon du textile Interstoff de Francfort à Hong Kong, privant ainsi Avantex d’une plateforme. Avantex avait alors été intégré au salon des textiles techniques Techtextil.
« Techtextil, ce n’est que la technique, pas le design. Ce salon offre en amont la technologie à toute une série de filières, de l’aéronautique à l’automobile, mais avec Avantex, nous voulons aussi offrir une plateforme pour les designers et donc donner, ici à Paris capitale de la mode, la possibilité aux industriels de s’orienter vers la mode », a expliqué Michael Scherpe. Le président de Messe Frankfurt France confiait encore à la LC qu’il avait dû « faire appel au peuple » – comprendre au directoire du groupe, dont il fait partie – « pour persuader qu’on lui donne la marque Avantex ».
Pour lancer Avantex, la filiale de Messe Frankfurt GmbH peut compter sur la Taïwan Textile Federation, qui a participé au choix des tissus et des exposants et va piloter une délégation d’une quinzaine d’exposants, dont Camangi, filiale du groupe Umorfil qui offre des solutions cosmétiques, et Everest, un spécialiste du sport qui souhaite se développer dans la mode.
Les autres sociétés sont : Chia Her Industrial, De Licacy Industrial, Fabrix Plus, Glowtex Handseltex Industrial, HerminTextile, Lily Textile, Liou Long Tai, Textile Factory, Loongchin Textile, Lucky Unique Textile Enterprise, Tai Yuen Textile, Tri Ocean Textile, Wisher Industrial.
« Taïwan est un des grands producteurs de textile technique dans le monde et ses entreprises avaient développé leur savoir-faire dès avant que nous ayons l’idée d’Avantex. Comme nous rencontrons régulièrement la fédération à Interstoff Hong Kong ou Techtextil, le rapprochement avec nous s’est fait tout naturellement », indique le patron de Messe Frankfurt France.
Des exposants asiatiques et européens
Les exposants sont tous asiatiques ou européens : de Chine, Ruisheng Textile et Tianzhuo Textile Science & Technology ; de Suisse, Forster Rohner Textile Innnovations ; de Belgique, le CMST, Centre for Microsystems Technology de l’université de Ghent ; et d’Autriche, Lenzing. Chacun de ces participants « doit présenter des tissus avec au moins trois fonctions innovantes et/ou détenir des brevets inédits », a précisé Michael Scherpe.
Lors de la conférence de presse à Paris, Jan Zimmermann, chef de centre d’affaires à Forster Rohner, a expliqué que cette société familiale basée à Saint-Gall, qui fournit des tissus à tous les grands noms de la mode, travaille aussi, dans le cadre de sa diversification, sur « les conducteurs textiles pour réaliser des produits chauffants, les tissus avec des capteurs intégrés permettant de contrôler l’état du cœur et d’enregistrer les données ensuite transmises aux médecins ou encore aux tissus de haute qualité intégrant la lumière, pouvant être utilisés dans la mode, mais aussi les textiles de maison et d’ameublement ».
Répondant à une question de la LC sur la participation de la France, le président de Messe Frankfurt, visiblement mi-indifférent, mi-désabusé, est resté dans le flou. « Vous savez, a-t-il ainsi lâché, je les connais depuis 35 ans. Ils viendront à l’intérieur sans doute, parce que c’est à Paris, mais sans trop le dire parce que nous ne sommes pas français ».
Avanprint : des ambitions mondiales
S’agissant d’Avanprint, l’organisateur s’est adjoint les services du World Textile Information Network (WTIN), une entreprise qui organise des conférences pendant le Salon international des textiles d’ameublement et de la maison Heimtextil à Francfort, possède un savoir-faire dans l’impression numérique et publie Digital Textile . Il s’agit du premier magazine spécialisé dans l’impression numérique, un secteur « dont la production s’est accrue de 23 % en 2014 », a précisé Mark Jarvis, directeur général de ce réseau qui a son siège à Leeds (Royaume-Uni). Le 15 juin, WTIN a signé un double partenariat avec Messe Frankfurt GmbH et sa filiale française, avec comme perspective de développer un jour ce salon dans le monde entier.
« Dans Avanprint et Avantex, ce qui est important, c’est Avan, selon Michael Scherpe, c’est la volonté partagée par le groupe, notamment Olaf Schmidt [NDLR, vice-président Textile et technologies du textile], qu’il faut réfléchir au futur. Et nous sommes ainsi arrivés à la conclusion que dans le monde du textile, on n’a pas besoin seulement d’un salon, mais d’un nouveau monde, de quelque chose qu’on ne peut pas appréhender ». Il faut donc, a-t-il ajouté, « donner des plateformes, offrir des possibilités quand les marchés se forment. Et Avan est là pour créer la dynamique de concentration intellectuelle, industrielle et artistique ».
François Pargny