Le 12 février à Paris, lors des Rencontres Russie, David Lasfargue, qui préside la section des CCEF (conseillers du Commerce extérieur de la France), soulignait la « volonté appuyée » de Moscou de privilégier la localisation et la production sur place. Et il citait, à cet égard, le cas de la pharmacie.
Sollicité par la Lettre confidentielle, un spécialiste du secteur a confirmé ces propos, tout en les nuançant. D’après lui, la tendance à la localisation sur place existe déjà depuis plusieurs années, « depuis, précise-t-il, l’instauration du plan Pharma 2020 qui a prévu de nouveaux règlements en matière d’homologation, de fabrication ou de commercialisation ». Toutefois, reprend-il, « il est clair que tout le monde doit comprendre que les autorités russes accélèrent le mouvement pour limiter la dépendance aux importations et le renchérissement du coût qui en découle en raison de la dégringolade du rouble ».
L’industrie française attentive s’interroge sur la meilleure stratégie
Certaines entreprises françaises sont déjà implantées, comme Sanofi et Servier. « Difficile de dire si elles vont accroître leurs investissements dans le pays, mais il est certain que ces champions français doivent être vigilants. Le marché peut très bien se développer et, s’ils ne s’engagent pas plus, d’autres peuvent le faire à leur détriment ». C’est pourquoi l’industrie du médicament regarde de près l’évolution du marché et les opportunités de partenariat et de production. En Russie, « il faut trouver un distributeur avant de fabriquer », ce qui pourrait amener les industriels à mener dans le futur des actions collectives au pays des tsars, estime l’interlocuteur de la LC.
Pour l’industrie française du médicament, le marché russe est stratégique. Les exportations de l’Hexagone y ont approché la barre des 810 millions d’euros en 2013. Certes, elles ont plongé de 14 %, sur fonds de crise, à 696 millions l’année suivante. Pour autant, ce revers, sans doute temporaire, n’inquiète pas les industriels qui considèrent que le potentiel de la Russie, nation géographiquement et culturellement proche de l’Union européenne, est énorme.
« En Russie, l’espérance de vie est inférieure à 70 ans et la consommation de médicaments de l’ordre de 17-18 milliards d’euros pour 146 millions d’habitants, alors qu’en France elle s’élève à 26 milliards pour un peu plus de 65 millions d’habitants ». Selon lui, « si l’accès au traitement était facilité, si une couverture médicale était généralisée, alors le marché devrait être multipliés par trois».
François Pargny