Ils l’avaient promis, ils l’ont fait le 9 avril en marge du Salon de l’industrie de Lyon : les deux grands syndicats professionnels de la robotique français, le Symop, tourné vers la robotique industrielle et rattaché à la Fédération des industries mécaniques (FIM), et le Syrobo, tourné par la robotique de services, ont fusionné le 9 avril, le premier intégrant le second tout en conservant ses spécificités. Un rapprochement dont les enjeux ne sont pas qu’économiques et industriels : il s’agissait aussi de se mettre au niveau des grands compétiteurs asiatiques, a confié à la Lettre confidentielle Bruno Bonnell, le président du désormais nommé « Groupe Syrobo » au sein du Symop.
« Nous nous sommes tous rendus compte que cette segmentation entre les robots pour l’industrie et les robot pour les services tels que la logistique ou la santé n’avait plus de sens : ils se pollénisent mutuellement » explique celui qui est aussi, depuis deux ans, chargé par le Commerce extérieur de fédérer la famille de produits « Mieux communiquer » pour l’export. La nouvelle robotique industrielle mobile, ou encore la robotique collaborative, tous ces nouveaux modèles bousculent aujourd’hui les anciens concepts. Les professionnels s’organisent, avec la bénédiction des pouvoirs publics, pour relever les enjeux des projets tournant autour de « l’usine du futur », et notamment encourager les PME et ETI à rattraper leur retard en matière de robotique. Le Symop porte notamment depuis 2012 un programme destiné à réindustrialiser les PME dénommé Robot Start PME.
A l’international, les grands pays de la robotique ont déjà suivi cette voie. « Les Coréens ont la KARI, Korean Association of Robot Industry, les Japonais ont la JARA, Japan Robot Association » rappelle Bruno Bonnell, citant deux des pays asiatiques également les plus en pointe en matière de robotique actuellement. Chacune a aussi son salon vitrine pour l’international : Robot World à Séoul et l’IREX (International Robot Exhibition) à Tokyo.
« Un de mes combats, c’est que la France devienne une terre d’expérimentation pour la robotique, et attire les roboticiens mais aussi des entreprises du monde entier »
Alors que le Syrobo avait déjà des accords stratégiques avec la KAAR et le JARA « qui portent sur l’échange d’information sur l’état de l’art », il avait initié en 2011 le salon Innorobo à Lyon, un salon de la robotique aujourd’hui de taille internationale. Mais se rapprocher de ces grands acteurs en ordre dispersé risquait d’être à terme contre-productif. Dans le cadre du rapprochement, Bruno Bonnell, qui reste président du « groupe » Syrobo , doit d’ailleurs plancher avec son homologue président du Symop, Jean-Camille Uring, sur une feuille de route commune.
Car très vite, la nouvelle organisation va devoir être en ordre de marche pour les grands rendez-vous internationaux de la profession : dès début juillet, Innorobo à Lyon (1-3/07/2015), où sont attendus des délégations japonaises et coréennes de la JARA et du KARI. Réciproquement, les professionnels français se rendront aux prochains Robot World (28-31/10) et IREX (2-5/12). « Entre temps, de nombreuses actions vont être menées en commun; des groupes de travail sont à l’oeuvre, celui sur l’éthique et la législation par exemple, devrait rendre ses conclusions à l’automne, explique encore Bruno Bonnell. Un de mes combats, c’est que la France devienne une terre d’expérimentation pour la robotique, et attire les roboticiens mais aussi des entreprises du monde entier ».
Christine Gilguy
Pour en savoir plus :
-Le communiqué commun du Symop/Syrobo : cliquez ICI
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