Cet article a fait l’objet d’une Alerte confidentielle adressée à nos abonnés dès le 18 mai en fin de journée, mais parvenue à leurs destinataires le lendemain en raison d’un problème informatique.
La perspective d’une liquidation pure et simple d’Erai (Entreprise Rhône-Alpes International) devient une réalité : le projet d’une subvention de 4,7 millions d’euros à l’Ardi (Association régionale du développement et de l’innovation), nécessaire pour une reprise partielle des activités d’Erai, a été rejeté par 92 voix contre 64 pour. A nouveau, c’est une majorité alliant les voix de la droite et du centre (UDC), et de l’extrême droite (FN) à celles de la quasi-totalité des Verts d’Europe écologie les verts (EELV) qui l’a emporté, à l’issue de débats houleux, contre la proposition du président socialiste de la Région, Jean-Jack Queyranne. Seule l’écologiste Fathia Benhamed, par ailleurs administratrice d’Erai, aurait voté pour.
L’Ardi ne devrait donc pas être en mesure de déposer son offre de reprise auprès de l’administrateur judiciaire d’Erai, à la date limite, le 20 mai, et ce dernier ne devrait pas avoir d’autres propositions de reprise aussi globales, même s’il est possible que certaines des 27 filiales et implantations à l’étranger puissent faire l’objet d’offres de reprise. Ce qui ne devrait pas laisser d’autres choix au Tribunal de grande instance de Lyon, le 9 juin, que de prononcer la liquidation de l’association, .
C’est un véritable cataclysme qui se profile pour l’écosystème rhônalpin du soutien au commerce extérieur régional, selon des données du dossier diffusées par la Région aux élus.
Outre l’image internationale de cette Région, sérieusement écornée par cette déconvenue, il y a les pertes d’emplois des salariés directs d’Erai -117 en jeu, dont 52 au siège, le reste à l’étranger- mais aussi les ruptures de contrats avec les clients de l’agence. Quelque 100 contrats d’accompagnement/implantation « Implantis » et 200 prestations étaient en cours pour des entreprises, avec quelque 97 salariés « portés » par Erai pour le compte de sociétés clientes (dont des Volontaires internationaux en entreprises).
Pour corser le tout, des risques « personnels » (confiscation de passeport, emprisonnement…) pèsent sur certains dirigeants des 27 bureaux de représentation et filiales dans certains pays -Émirats Arabes Unis, Inde…- où la cessation d’activité d’une structure laissant un passif est interdite. Le seul « traitement juridique » de ce problème pesait lourdement dans le budget de 950 000 euros inclus dans la demande de subvention de l’Ardi pour les frais liés aux restructurations de personnels.
Selon les éléments d’information donnés en annexe au rapport de Jean-Jack Queyranne aux élus, le plan concocté par Jean-Louis Gagnaire, le vice-président de la région chargé du développement économique, principal artisan de ce projet de sauvetage, prévoyait, dans le cadre d’une reprise partielle des missions et activités d’Erai par l’Ardi, la sauvegarde de 63 postes directs et 80 emplois « portés ». Le tout regroupé dans les actuels locaux d’Erai à Lyon. Cinq filiales étaient reprises par l’Ardi (Allemagne, Chine, Italie, États-Unis, Canada, le Canada étant « sous réserve »), alors que deux autres en Turquie et au Vietnam étaient reprises par leurs directeurs actuels. Des offres de reprise d’autres implantations et filiales étaient espérées de la part de sociétés privées membres de l’OSCI, voire de chambres de commerce françaises à l’étranger.
Christine Gilguy
Pour prolonger :
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–Spécial Rhône-Alpes : les raisons du « crash » d’Erai, selon les « privés » de l’export
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