A l’heure où les discours sur le patriotisme économique et le « made in France » ont repris de la vigueur, notamment sous l’impulsion du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, les patrons d’industries exportatrices s’inquiètent des amalgames entre « délocalisations » destructrices d’emplois et implantations qui accompagnent des développements sur les marchés étranger.
« Je
pense que nous devons amener l’Etat à inciter et soutenir financièrement les
implantations d’entreprises françaises à l’étranger, comme cela se fait en
Allemagne, car cela ne peut que contribuer à une présence de long terme
des entreprises françaises sur les marchés étrangers, estime même Frédéric Sanchez, président du directoire du groupe Fives, en marge d’un entretien exclusif qu’il a accordé à la Lettre confidentielle du Moci. Contrairement aux idées
reçues, une telle politique ne serait pas synonyme d’une incitation à la
délocalisation et à des pertes d’emploi en France. »
Cet industriel très impliqué dans les réflexions sur le redressement du commerce extérieur en tant que président de la Commission commerce international, monnaies et systèmes monétaires du Medef et membre du conseil d’administration d’Ubifrance, est même convaincu, comme beaucoup de ses confrères, qu’une logique d’implantation est le prolongement nécessaire d’une internationalisation durable. « Si je prends l’exemple du
groupe Fives que je dirige, entre 1997 et 2013, notre chiffre d’affaires est
passé de 450 millions d’euros à près de 2 milliards d’euros. En1997 nous
réalisions 60 % de notre chiffre d’affaires en France alors
qu’aujourd’hui celui-ci ne présente que 15 %. Dans le même temps, nous avons
pratiquement doublé nos effectifs en France (près de 4000 salariés). »
Pragmatique, il concède toutefois un certain infléchissement à travers le concept de « co-localisation » : « Je
constate que le gouvernement, par la voix de sa ministre du Commerce Extérieur,
a progressé sur ce sujet en créant le concept de co-localisation, notamment
pour les implantations de sociétés françaises en Afrique du Nord. Il faut aller
plus loin car l’implantation à l’étranger n’est pas antinomique avec la
création d’emplois en France. »
CG