« Quel spectacle désolant ! Alors que le Midest, avec près de 1 700 exposants, est le premier salon industriel de France, il a été inauguré cette année par un ministre tunisien, parce qu’aucun ministre français n’a voulu se déplacer », déplorait le 4 novembre, premier jour du salon (4-7 novembre, Paris Nord Villepinte), un exposant traditionnel du Salon mondial de la sous-traitance industrielle (Midest) particulièrement remonté.
« Il y deux ans, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, avait inauguré la manifestation et il était même passé sur notre stand dans le pavillon collectif de notre région », se souvient ce responsable dans une PME spécialisée dans l’électronique. La déception ne serait pas moindre du côté de l’organisateur Reed Expositions France. D’après nos informations, deux jours avant le début de l’évènement, la venue d’Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, de l’industrie et du numérique, était encore attendue.
Or, c’est la deuxième année consécutive qu’aucun membre du gouvernement ne se rend dans ce grand salon international annuel, auxquels sont inscrits cette année 1 678 exposants de 45 pays différents et attendus 40 000 visiteurs de plus de 70 pays. Il est vrai qu’en 2012, rapporte à la Lettre confidentielle un bon connaisseur du milieu industriel de l’Hexagone, « c’est au forceps que Reed était parvenu à convaincre Arnaud Montebourg de se déplacer, alors que, sous la présidence Sarkozy, le ministre de l’Industrie inaugurait chaque édition du Midest ».
Rien n’y a fait cette année, même l’implication personnelle de Jérôme Frantz, qui préside la Fédération des industries mécaniques (FIM), même la présence, lors de l’inauguration – la Normandie étant région invitée d’honneur du salon (notre photo) – du président du Conseil régional de Haute-Normandie Nicolas Meier-Rossignol et du premier vice-président du Conseil régional de Basse Normandie Jean-Karl Deschamps. Quant à la Tunisie, cet État du Maghreb étant en 2014 le pays invité d’honneur du Midest, 25 exposants y participent et, le 4 novembre, une conférence sur « la sous-traitance en Tunisie » y a également été organisée. L’inauguration du Midest ayant lieu à 11 heures, la conférence s’est tenue à 15 heures.
Lors de l’inauguration, le ministre tunisien de l’Industrie, de l’énergie et des mines, Kamel Bennaceur, ravi d’être ainsi en vedette, en a profité « pour vanter son pays et appeler les entreprises françaises à s’implanter dans son pays », ironise le responsable de la PME de sous-traitance électronique. Et ce, précise-t-il un peu goguenard, en pensant à l’absence de représentants officiels du gouvernement français, « en présence de l’ambassadeur de Tunisie en France », Mohamed Ali Chihi.
S’agissant de la conférence, après les élections législatives du 26 octobre et à une quinzaine de jours avant les présidentielles (23 novembre), la « Nouvelle Tunisie » n’avait pas hésité à déplacer toute une série de personnalités, outre le ministre de l’Industrie, des dirigeants d’institutions nationales et d’opérateurs économiques : Kalil Laabidi, directeur général de l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (Fipa), Noureddine Taktak, directeur général de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (Apii), Riadh Attia, directeur général adjoint du Centre des exportations (Cepex), Hichem Turki, CEO du Pôle de compétitivité de Sousse (PCS) et Chekib Debbabi, président depuis un mois du cluster Mécatronique et directeur général des deux filiales du groupe Plastivaloire en Tunisie, IPS (injection) et TPS (systèmes).
François Pargny