« Clair, lisible pour tous », « de grande qualité » : Laurent van Soen, directeur général d’Erai, ne tarit pas d’éloges sur l’avis que l’Autorité de la concurrence a rendu public fin juillet sur « la concurrence dans le secteur de l’accompagnement à l’international ». Tout en contestant que l’agence rhônalpine ait été « épinglée » par le gendarme de la concurrence*, il annonce : « on va suivre les recommandations de l’Autorité de la concurrence » .
« L’avis de l’Autorité est le reflet de ce que nous avons toujours fait », martèle le patron de cet organisme qui est le bras armé de la Région Rhône-Alpes en matière de soutien au développement international des entreprises, sollicité par la Lettre confidentielle.
Pour rappel, cet avis a été rendu sur saisie de l’OSCI (Opérateurs spécialisés du commerce international), qui représente les « privés » du secteur. Sans remettre en cause la légitimité de ses activités, l’Autorité de la concurrence recommande à Erai d’apporter des améliorations à son système de comptabilité analytique mis en place en 2013, pour mieux distinguer les activités de service public et celles commerciales et concurrentielles, et éviter l’affectation de fonds publics à ces dernières.
Quant à ses activités en direction des entreprises non rhônalpines, l’avis renvoie au « juge administratif » pour se prononcer « sur le point de savoir si la collectivité régionale concernée agit ce faisant au-delà de ses compétences » (principe de spécialité).
A propos du principe de spécialité, Laurent Van Soen réfute toute entorse à la règle : la jurisprudence invoquée par l’OSCI émane du conseil d’État et s’applique aux établissements publics, pointe-t-il. Or, Erai est une association Loi 1901 qui ne relève pas de cette jurisprudence… Quant au risque de détournement des subventions publiques régionales (70 % de son budget) de leur objet initial, le directeur général le conteste avec tout autant d’assurance : « Si il y avait eu un manquement, la Région nous l’aurait fait savoir », indique-t-il, rappelant que le modèle d’Erai est « de répondre aux besoins des entreprises, en priorité celle de Rhône-Alpes ».
Quant au respect du droit de la concurrence, le dirigeant estime qu’ Erai est tout autant irréprochable : « je me réjouis de voir que l’Autorité de la concurrence a reconnu que nous avons mis en place une comptabilité analytique avant tout le monde », non sans remarquer que l’agence régionale faisait certifier ses comptes par un commissaire aux comptes « depuis le commencement ». C’est en effet mieux qu’Ubifrance, qui ne s’y est mise que l’an dernier.
Seule concession, sur l’amélioration de ce système censé mieux distinguer ce qui relève du régalien de ce qui relève du commercial, recommandé par l’avis. « La où l’Autorité de la concurrence à raison, c’est qu’on peut aller plus loin », considère Laurent Van Soen. Il annonce la mise en chantier d’un outil CRM (gestion de la relation client) avec l’objectif qu’il soit opérationnel début 2015. Il en a, affirme-t-il, d’ores et déjà informé les directeurs de ses filiales à l’étranger. Un engagement dont l’application devrait être suivie à la loupe par l’OSCI. A suivre…
Christine Gilguy
*Aides à l’export : l’Autorité de la concurrence épingle Ubifrance, Bpifrance et Erai