Après le French Tech Hub de San Francisco inauguré en février dernier, la deuxième « maison de l’international », prévue à Shanghai, pourrait être enfin labellisée par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI) le 18 octobre, lors d’un déplacement officiel en Chine. En attendant le lancement d’appels d’offres pour d’autres métropoles et d’autres pays.
Laurent Van Soen, directeur général d’Erai, interrogé par la Lettre confidentielle lors d’un entretien le 15 septembre*, était confiant en évoquant cette perspective, tout en ouvrant la porte à d’autres partenaires: « Il y aura deux opérateurs principaux mais pour ma part, je souhaite que tous les partenaires soient associés, mais pas pilotes ».
De fait, le projet initial reposant sur une association Ubifrance-Erai a évolué pour y associer la puissante Chambre de commerce française en Chine (CCIFC), par ailleurs pré-positionnée pour porter un tel projet à Pékin. Mais rien n’est encore définitivement arrêté sur le modèle retenu ni sur sa portée -sera-t-il seulement local ou aura-t-il vocation à être reproduit ailleurs- , certains aspects du schéma final de Shanghai étant encore en discussion à l’heure où nous bouclons la LC.
Le projet de Shanghai attend depuis plus d’un an déjà
Pour rappel, prévu dans les locaux actuels de l’Espace Rhône-Alpes à Shanghai -l’ancien pavillon régional à l’exposition universelle de 2008-, ce projet de « maison de l’international » doit être un lieu d’accueil et un « incubateur » labellisé par les pouvoirs publics, doté d’une offre de services d’accompagnement et de coaching pour des projets d’entreprises et d’entrepreneurs français en Chine. Il attend depuis près d’un an déjà sa « labellisation » officielle, au point d’avoir donné l’impression de devenir un serpent de mer.
Il faisait partie des deux premières « maisons de l’international expérimentales » promises par les ministres Nicole Bricq et Fleur Pellerin, alors respectivement chargées du Commerce extérieur et des PME et du numérique, à la suite d’un engagement présidentiel lors des premières assises de l’entrepreneuriat, en avril 2013.
Alors que le projet américain -le French Tech Hub de San Francisco- s’était concrétisé avec un partenariat Etat/Région Ile de France (avec comme principaux opérateurs Paris Région Entreprises et Ubifrance), celui de Shanghai s’était greffé sur l’accord de partenariat global signé en mai 2013 entre Ubifrance et Erai pour proposer aux entreprises françaises une offre intégrée de services d’accompagnement**. « Cette offre a été renforcée en Chine, car elle répond au besoin de maisons de l’international », explique aujourd’hui Laurent Van Soen. C’est la filiale chinoise de l’agence rhônalpine qui est en effet l’opérateur de l’Espace Rhône-Alpes à Shanghai.
Les CCI bilatérales se positionnent comme futurs opérateurs
Depuis, toutefois, d’autres acteurs de l’écosystème français à l’étranger sont entrés dans le jeu.
Les chambres de commerces bilatérales du réseau CCI France International, qui ont reproché aux pouvoirs publics d’être exclues des premiers projets, se sont positionnées pour être opérateurs de telles « maisons de l’international ». Ce fut d’ailleurs l’un des principaux sujets à l’ordre du jour d’une récente visioconférence organisée par CCI France International depuis Mumbai, en Inde, avec toutes les chambres d’Asie.
De leur côté, les pouvoirs publics, qui ont l’ambition de créer un réseau de ces « maisons » dans d’autres grandes métropoles et d’autres pays, mais auxquels les moyens financiers sont comptés, ont évolué dans leur stratégie pour associer d’autres partenaires que les organismes publics nationaux et les Régions.
Le rattachement du commerce extérieur au Quai d’Orsay lors du remaniement ministériel d’avril, les changements à la tête d’Ubifrance, et ceux, plus récents, au Commerce extérieur, ont quelque peu retardé le chantier. Mais Fleur Pellerin, alors secrétaire d’État au Commerce extérieur, avait annoncé début juin une évaluation « de ce qui a déjà été fait » à San Francisco pour cadrer la stratégie***.
On attend désormais la position de son successeur -sollicité en vain sur ce sujet par la LC– mais elle devrait rester dans une logique de partenariat ouvert car il s’agit à présent d’utiliser des sites existants, de définir un cahier des charges et de faire des appels d’offres pour trouver des opérateurs privés ou publics. »Nous attendons » confirme Dominique Brunin, délégué général de CCI International et de de CCI France International.
Un chantier urgent pour Matthias Fekl, nommé depuis à peine un mois, car la stratégie des pouvoirs publics gagnerait à être clarifiée avant la visite de Laurent Fabius. Les choses sont rendues un peu plus compliquées car cette politique est désormais élaborée en concertation avec le ministère de l’Économie -et plus particulièrement la secrétaire d’État chargée du Numérique Axelle Lemaire.
Le cahier des charges pour de futurs appels d’offres est en cours d’élaboration, et les exigences sur la palette de services proposée par les futurs opérateurs devraient être étendues. Selon un proche du dossier, d’ultimes discussions sont en cours entre la DG Trésor à Bercy et la DEEI au Quai d’Orsay.
Christine Gilguy
*Lire : Laurent Van Soen : « On va suivre les recommandations de l’Autorité de la concurrence »
** Lire : Aides à l’export : le ticket Ubifrance-Erai officiellement lancé
*** Lire : Maisons de l’international, Marque France : entre réflexion et recentrage