« Nous sommes dans la diplomatie d’influence sans que l’on ne nous ait rien demandé ». Lorsqu’on interroge Agnès Arcier, P-dg de l’Adetef, sur le rôle que joue l’agence publique qu’elle dirige dans la diplomatie économique française, elle n’hésite pas une seule seconde : « la diplomatie économique est dans nos gènes ».
Pourtant, l’existence de cette agence publique chargée d’exporter les savoir-faire français en matière de politiques publiques, dont certaines intéressent au premier chef les entreprises, est très peu connue hors des cercles d’initiés. Un manque de notoriété dont elle semble vouloir sortir : l’Adetef a organisé une conférence de presse à Bercy, le 4 mars dernier –une première pour cet organisme-, pour présenter l’agence et dialoguer avec les journalistes. Une manière aussi de faire du teasing à quinze jours d’un colloque international qu’elle organise le 18 mars prochain au ministère de l’Économie et des finances sur le thème « Coopérer pour construire et reconstruire, former les cadres de l’administration pour une bonne gouvernance économique ».
C’est que l’Adetef, qui est l’opérateur de l’’assistance technique des ministères économiques et financiers, de la réforme de l’État et du développement durable, gagne à être mieux connue. Elle fait partie de la dizaine d’opérateurs de la coopération technique publique –comme le Civipol du ministère de l’Intérieur ou le CIEP du ministère de l’Éducation nationale- qui ont adopté la signalétique commune de « Assistance technique France ». Sa spécialité : les programmes financés par la Franceou les bailleurs de fonds internationaux visant à aider les pays en développement et en transition à construire ou reconstruire leurs administrations et leur politiques publiques.
Au Congo, par exemple, elle termine un programme portant sur la réorganisation de la Douane. En Côte d’Ivoire, autre exemple, dans le cadre du programme C2D français (Contrat de développement et de désendettement (C2D) sur la période 2012-2015), l’Adetef travaille sur divers projets tels que la réforme des marchés publics, la refonte du cadre des partenariats public-privé (PPP) ou encore la stratégie de e-gouvernement, autant de sujets qui intéressent directement l’environnement des affaires de ces pays.
« Notre zone prioritaire est l’Afrique et la Méditerranée », a précisé Agnès Arcier. « Nous pensons y développer des représentations plus directes », a-t-elle ajouté. Quand on lui demande si ces programmes d’assistance technique préparent le terrain aux intérêts d’entreprises françaises comme Bolloré ou Vinci, très actifs sur les PPP, elle n’hésite pas non plus à répondre par l’affirmative. « Si un choix devait être fait, nous n’irions pas dans des pays où il n’existe pas un potentiel pour nos intérêts économiques » souligne-t-elle. « Sur l’Afrique et la Méditerranée, qui représentent 50 % de nos activités, la question ne se pose pas. Elle se pose hors de nos zones économiques prioritaires », précise-t-elle.
L’agence, qui est régulièrement en compétition avec les organismes de coopération publique d’autres pays développés, a décroché pour 70 millions d’euros de contrats d’assistance technique l’an dernier. Elle gère chaque année 30 millions de flux liés à ces contrats, 50 000 heures d’expertise livrées, un vivier de quelque 4 000 agents publics mobilisables dont la seule faiblesse, parfois, est de ne pas suffisamment pratiquer l’anglais, «notamment pour ceux qui sont proches de la retraite »…
Christine Gilguy