Le dossier de la première maison de l’international doit être bouclé dans l’urgence car elle va être inaugurée à San Francisco, à l’occasion de la visite d’État du président François Hollande aux États-Unis (9-12 février), à l’invitation du président Obama.
Nicole Bricq l’a confirmé le 14 janvier, dans un discours prononcé en ouverture de la première conférence-rencontre « France International, Bercy pour les entreprises » au ministère de l’Economie et des finances. Le président français a en effet prévu, à l’occasion de ce déplacement, une visite dans la Silicon Valley, sur les traces de François Mitterrand, qui y avait rencontré Steve Jobs en février 1983. Toutefois, la structure n’est pas encore tout à fait prête, d’où l’impression de précipitation. « Le financement n’est pas encore bouclé, confirmait-on au cabinet de Nicole Bricq le 14 janvier. Il utilisera des fonds du programme Investissements d’avenir ».
Un « US-French Tech Hub » associant l’ARD d’Île de France et Ubifrance
Cette première « maison de l’international », attendue depuis des mois, sera très orientée «high tech » puisqu’il s’agit du projet de US-French Tech Hub, dont la Lettre confidentielle avait dévoilé les contours dès juin 2013*. Elle doit être opérée par Ubifrance et Ubtech 21, une filiale de l’Agence régionale de développement (ARD) d’Île- de-France. Une deuxième structure doit ouvrir à Boston dans la foulée.
L’impression de précipitation est accentuée par le fait que cette inauguration a été intégrée dans le programme présidentiel alors que la consultation sur les maisons de l’international lancée par Nicole Bricq le 19 décembre dernier ne doit s’achever que le 31 janvier 2014. Les Etats-Unis et la Chine –où le projet est beaucoup moins avancé- étaient les deux premiers pays où devaient être expérimentés les premières de la vingtaine de structures qu’ambitionne de créer le ministère.
Selon le schéma retenu initialement pour San Francisco, si la nouvelle structure associe Ubifrance et Hub Tech 21, son tour de table a vocation à accueillir d’autres partenaires, notamment issus du secteur privé ou du réseau des chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger (CCIFE). Et cela suscite des interrogations dans le microcosme du commerce extérieur.
« Après le French Tech Hub, il est question d’ouvrir trois ou quatre autres maisons de l’international, dont une à Boston dans la foulée. Il y aura des appels à projets », souligne un bon connaisseur du dossier. Tout en s’interrogeant sur la réelle utilité de telles structures : « Leur finalité est de faciliter l’installation à l’étranger d’entreprises pré-sélectionnées. Mais les CCIFE, les sociétés d’accompagnement à l’international de l’OSCI le font déjà. Il y a également les délégations de services public que signe Ubifrance. Cela peut certes permettre une meilleure visibilité des structures d’accueil pour les entrepreneurs français mais cela peut aussi renforcer les concurrences ». Et de pointer la possibilité de voir d’autres agences régionales telles qu’Erai, voire des Régions, répondre aux appels à projet au risque de créer des maisons de l’international 100 % publiques, en concurrence directes avec l’offre privée.
Une chose est sûre : d’évidence, à l’approche de lavisite présidentielle, le projet de French Hub Tech, qui sera la première « maison de l’international » expérimentale promise par Fleur Pellerin et Nicole Bricq après les Assises de l’entrepreneuriat de 2013, connaît une phase d’accélération, pour ne pas parler de bouclage précipité. Il est vrai qu’il surfe sur le succès incontestable et les très belles retombées médiatiques obtenus par les start-ups françaises au dernier Consumer Electronic Show de Las Vegas (7-10 janvier 2014). Un succès obtenu grâce, notamment, au premier pavillon français monté par Ubifrance à ce salon, inauguré par Fleur Pellerin, ministre chargée des PME et du Numérique. Une bouffée d’ondes positives dont l’Elysée a bien besoin en ce moment…
Christine Gilguy
*Relire dans la LC :
– Un ticket Île de France/Ubifrance pour la première maison de l’international aux Etats-Unis
– Maison de l’international expérimentale : le rêve américain se heurte aux réalités budgétaires