Laurent Fabius se rendra, sans être accompagné d’entrepreneurs français, à Téhéran le 29 juillet. Ce sera donc, à priori, un déplacement uniquement politique -quoique la diplomatie économique n’est jamais loin avec le patron du Quai d’Orsay-, après l’accord intervenu sur le dossier nucléaire à Vienne, le 14 juillet, entre l’Iran et le « P5 + 1 », c’est-à-dire les 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu + l’Allemagne.
Pour assister à une première prospection d’hommes d’affaires tricolores, il faudra attendre la mission du Medef, prévue entre le 27 et 29 septembre. Les noms des sociétés ne sont pas encore connus, mais l’organisation patronale vient juste de préciser à la Lettre confidentielle que sa délégation sera pilotée par Yves Thibault de Silguy, vice-président de Medef International et vice-président administrateur référent de Vinci.
L’enjeu est important pour la France qui était le quatrième partenaire commercial de la République islamique avant l’adoption des sanctions contre le régime de Téhéran. Depuis, la France a rétrogradé au 13ème rang, distancée par l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie (lire ici la LC n° 155). Parmi les secteurs phare du Top 10 des importations iraniennes (lire ici la LC n° 155), l’automobile est en pole position, tous les grands constructeurs rêvant aujourd’hui de livrer ce grand marché de 80 millions d’habitants. C’est le cas notamment des champions français, PSA Peugeot Citroën et Renault, qui ont noué des liens historiques avec la compagnie Iran Khodro.
Les entrepreneurs ont besoin de visibilité pour aborder ce marché, qui dispose d’un cadre législatif et règlementaire propre et de spécificités culturelles. Les grands cabinets d’avocats d’affaires se mobilisent pour répondre aux demandes qui commencent à affluer de la part des entreprises françaises. August & Debouzy s’est ainsi adjoint les services de deux Iraniens, Mahasti Razavi et Kami Haeri, pour être « parmi les premiers à proposer un Iran Desk » à ses clients.
Une levée graduelle des sanctions
Toutefois, dans toute une série de secteurs, de la finance au transport en passant par l’énergie, la levée graduelle des sanctions par les Nations Unies, les États-Unis et l’Union européenne est liée au respect par Téhéran de ses engagements inclus dans un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Elle sera donc graduelle et sous contrôle.
Le ministre français des Affaires étrangères le rappellera certainement à son homologue, Mohammad Javad Zarif, qui l’a invité à Téhéran, et au président Hassan Rohani qu’il doit rencontrer. Mais au-delà de la normalisation des relations irano-françaises ou irano-américaines, ce qui peut donner confiance aux entreprises, c’est un rapprochement des positions entre l’Occident et l’Iran sur les questions régionales. Or, de ce point de vue, sur la Syrie, le Yémen ou encore le Liban, les désaccords persistent. Et un retour en arrière est toujours possible.
François Pargny
Pour prolonger :
–Iran/Commerce extérieur : la France distancée par l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie
–UE/Iran : le gel des sanctions prolongé de six mois, avant une levée progressive