Présenté le 14 avril dans les locaux de Business France, « le premier bilan de l’état d’avancement » du Plan régional d’internationalisation des entreprises (PRIE) d’Ile-de-France était fort attendu. D’abord, parce que c’est la première économie régionale de l’Hexagone (29,8 % du PIB) et qu’elle le restera, même après la constitution des 13 grandes régions françaises en 2016. Ensuite, parce que peut-être plus qu’ailleurs, les dispositifs d’aide aux entreprises constituaient un millefeuille épais. Les PRIE, créés à la demande de l’ancienne ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, ont donné aux Régions le pilotage d’un navire où devaient s’activer de concert tous les opérateurs du commerce extérieur régionaux et nationaux, de Paris région Île de France, l’Agence régionale pour le développement des entreprises, à Business France et à la CCI Paris Ile-de-France, en passant par Bpifrance et les Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) et de multiples autres intervenants. Mais des lèvres à la coupe…
Côté chiffres, 240 sociétés franciliennes auraient été détectées pour participer aux programmes de développement à l’export prévus par le PRIE et 600, à fin 2014, bénéficieraient déjà d’un accompagnement dans la durée. L’objectif fixé lors de l’adoption de ce plan est cependant encore loin d’être atteint, puisque ses partenaires s’étaient engagés sur un nombre de sociétés accompagnées d’ici à fin 2015 monte à 1 500.
« Il y a encore des endroits où on se marche dessus »
Mais l’enjeu de ce plan est aussi de réduire le millefeuille. Bonne surprise, sur ce sujet, la réunion n’a pas été « langue de bois ». Le changement d’état d’esprit est donc palpable. « Tout n’est pas merveilleux », « parfois c’est plus difficile », selon un opérateur influent de la région. Mais « le grand mérite du plan a été de mobiliser les opérateurs régionaux pour établir une programmation unique, de les inciter à échanger entre eux informations et expériences et de désigner des référents pour des entreprises, pour des projets, pouvant ensuite orienter les sociétés vers le partenaire idoine ».
Jean-Paul Planchou, porteur du projet de PRIE en tant que vice-président du Conseil régional en charge du Développement économique, a tenu un discours similaire à l’ouverture. « Il y a encore des endroits où on se marche dessus », a-t-il ainsi reconnu, tout en rappelant que le rôle de la Région « n’est pas de se substituer », mais de jouer « son rôle de facilitateur ». Selon celui qui est également le compagnon de Nicole Bricq, « çà va prendre du temps », mais « nous sommes sur la bonne voie. C’est une belle aventure et le PRIE est un bel outil ».
Des vœux, un défi que l’élu francilien a tenu à replacer en perspective, avec en ligne de mire, la formation en 2016 d’une nouvelle Assemblée régionale issue des urnes et la mise en place d’un schéma régional de développement économique et d’innovation (SRDEI), incluant le PRIE. « Ce qui est important, c’est que le PRIE soit une démarche durable », que « les synergies soient longues et durables», a-t-il conclu.
Une multitude de partenaires locaux
En Ile-de-France, le PRIE comprend une multitude de partenaires locaux, également engagés dans la réalisation du programme d’actions défini chaque année dans les filières stratégiques : santé, éco-activités, TIC, industries manufacturières. Malgré des améliorations, pas facile pour une PME de trouver le bon interlocuteur pour l’export.
A cet égard, le témoignage des trois dirigeants de PME invités à s’exprimer était éclairant : de , , et .
Audrey Pfirter, fondatrice de l’entreprise familiale Famaco (produits d’entretien pour le cuir, Hauts-de-Seine), en sait quelque chose. « Pour Famaco, sorti d’Europe il y a deux ans, le premier contact a été Coface pour financer les développements au Japon et en Russie, qui lui a fait connaître ensuite Team Export, le dispositif du Conseil général des Hauts-de-Seine pour l’expansion des PME à l’international », a relaté la dirigeante.
Les contacts ont été plus difficiles et plus longs pour Areeba Rehman, fondatrice de Fretbay (plateforme en ligne de rencontres pour un transport économique, Val de Marne). « Nous avons été promenés de site en site, comme s’il s’agissait d’un jeu de ping-pong », a regretté sa directrice générale, tout en remerciant l’Agence de développement du Val de Marne pour l’organisation d’évènements.
Christian d’Orival, président de la start-up Luceor (installation d’équipements de télécommunications, Haut-de-Seine), a lui, eu la chance de bénéficier de l’appui du pôle de compétitivité Systematic, qui s’est révélé un sésame pour conclure un partenariat avec un grand industriel français. « Ce groupe va nous amener avec lui à l’international », s’est félicité le dirigeant, avant de préciser que Luceor avait aussi bénéficié d’une mission de la CCI Paris Ile-de-France et de Systematic aux États-Unis.
Les pôles de compétitivité ouvrent des portes aux PME
Basé au Brésil, Benoît Trivulce, directeur de la zone Amérique latine à Business France, partenaire de la Région Ile-de-France, a estimé que sur les 500 clients qu’il a pu avoir sur le Brésil et l’Argentine un quart des entreprises s’était déplacé dans le cadre de missions collectives « surtout de pôles de compétitivité », un quart à l’occasion de salons et la moitié pour des missions de prospection.
Reste que la difficulté est, ensuite, « de choisir le mode d’exportation adapté », a souligné pour sa part l’enseignant-chercheur Claude Obadia (ISC Paris, notamment), cofondateur de la Fabrique de l’Exportation, un think tank qui a remis un rapport sur le sujet au secrétaire d’État au Commerce extérieur, Matthias Fekl. « Au bout de cinq ans, huit entreprises sur dix arrêtent d’exporter. C’est un gâchis considérable. Parfois, l’échec est au bout, en raison d’un mode d’exportation inadapté qui tire sur les ressources », a encore insisté le chercheur. Et pour lui, « les déçus, les désintéressés de l’export, çà fait beaucoup trop de monde ».
« A l’été, ont promis Christine Balian, directrice du Développement économique et de l’innovation à la Région, et Damien Romanet, directeur du réseau Paris Région Entreprises, association issue de la fusion de divers organismes régionaux (développement économique, innovation…), le nouveau portail Internet régional sur l’export, www.iledefrance-international.fr , présentera bientôt « toute l’offre régionale ». Parmi les présentations un peu ludiques en projet, une carte du monde où figureront les 190 points d’appui à l’international et leur offre de services.
François Pargny
Pour prolonger :
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