La décision a été prise récemment : le gouvernement français a décidé de proroger le mécanisme spécial d’assurance-crédit publique court terme mis en place à sa demande par Coface en novembre 2012 pour deux ans. « Nous attendons que cette prorogation soit parue au JO (ndlr : Journal Officiel) pour pouvoir l’officialiser », a confirmé la Direction des garanties publiques de Coface à la Lettre confidentielle.
Ce mécanisme avait été mis en place il y a deux ans par Bercy, pour palier « l’insuffisance de l’offre de couverture d’assurance privée pour les exportations vers la Grèce » et soutenir les exportations françaises, indiquait le communiqué d’alors. Il est doté d’un plafond total de 200 millions d’euros et garantit les transactions commerciales vers la Grèce d’une durée inférieure ou égale à deux ans (période de fabrication + période du crédit). Il est accessible aux exportateurs français dont le chiffre d’affaires annuel est inférieur à 1,5 milliard d’euros et dont les produits comportent au moins 40 % de part française. La couverture est de 80 % en cas de sinistre*.
Alors que tous les exportateurs ont d’ores et déjà réduit leurs encours de crédit sur leurs clients grecs, cette décision est surtout un signal de soutien symbolique à la Grèce et à ses fournisseurs, au moment où la situation économique et financière du pays est plongée dans la plus profonde incertitude. Du reste, ce mécanisme aurait été peu utilisé par les entreprises françaises depuis 2012.
Car s’ils ont montré de fragiles signes de reprise -en 2014, importations à la hausse de +2,06 % (47,7 Mds EUR) mais exportations en baisse de -1,4 % (27,1 Mds EUR) -, les échanges commerciaux de la Grèce, très déficitaires, se sont effondrés depuis le début de la crise il y a six ans. Et ils sont au plus bas depuis le début de l’année 2015 : sur les quatre premiers mois (janvier-avril 2015), les importations grecques sont en chute de 3,9 % par rapport à la même période de 2014 (à 14,8 milliards d’euros) alors que ses exportations sont en très légère progression de 0,6 % (8,4 Mds euros), selon les statistiques officielles grecques compilées par la base GTA-GTIS.Les enjeux commerciaux pour la France sont, de fait, modestes : en 2014, les importations en provenance de l’Hexagone ont atteint à peine 2,1 Mds EUR, plutôt en repli par rapport à l’année précédente (-0,67 %), hissant la France au 8ème rang des pays fournisseurs de la Grèce. Les enjeux sont un peu plus conséquents pour les Russes (4,8 Mds EUR, essentiellement en hydrocarbures), les Allemands (4,8 Mds EUR), les Italiens (3,8 Mds EUR) et les Chinois (2,49 Mds EUR), respectivement 1er fournisseur, 2ème, 4ème et 5ème pays fournisseurs…