Alors que les entreprises françaises peinent à obtenir des marchés sur les chantiers de l’Exposition internationale d’Astana, les milieux d’affaires ne se contentent pas du seul projet de « simulateur 3D » ville durable (Lire dans La Lettre confidentielle de cette semaine*) pour tenter de rattraper leur retard. Les contacts bilatéraux se sont intensifiés ces dernières semaines, en marge de la visite à Paris, du 10 au 11 juin, d’une importante délégation kazakhstanaise composée du ministre des Affaires étrangères, E. Idrissov, du commissaire national de l’EXPO-2017, R. Zhoshybayev, et du président d’Astana Expo-2017 JSC, T. Yermegiyaev, pour recevoir au siège parisien du Bureau international des expositions (BIE) les drapeaux officiels de l’événement.
L’occasion pour Medef International d’organiser une rencontre privée entre plusieurs entreprises françaises et M. Yermegiyaev afin de recueillir quelques éclaircissements sur les projets en cours et les appels d’offres à venir autour du site d’Exposition de 174 hectares. Parmi les participants à la réunion, les représentants d’Alstom, de GDF Suez, Suez Environnement, Morpho (groupe Safran) et d’Oberthur Technologies, notamment.
Les nouveaux appels d’offres concernent des projets à 75 % financés sur fonds privés
Car pour l’instant, aucune entreprise française n’est parvenue à se positionner sur le chantier du centre d’exposition de 25 hectares, financé entièrement sur fonds publics kazakhstanais. La conception du site a été remportée en octobre par le cabinet américain AS+GG, et les travaux de construction, débutés en mai, ont été octroyés majoritairement à des entrepreneurs locaux ou à des filiales de sociétés de BTP turques. Quant au village d’exposition, il sera assuré par la société de construction locale BI Group, en coopération avec le cabinet d’architecture britannique AEDAS et le bureau d’études américain AECOM.
Les nouveaux appels d’offres concerneront donc les 149 ha avoisinants, prévus pour accueillir tout un ensemble de projets urbains durables autour de la ville du futur : logements, parcs et avenues, centres commerciaux, établissements médicaux, éducatifs et culturels. A la différence que ces divers projets d’infrastructures devront être financés à 75% sur fond privés. Or, les investisseurs étrangers bénéficient depuis peu d’un climat plus clément.
Mesures d’incitations fiscales et ouverture d’un vol direct Astana-Paris
Lors du Conseil des investisseurs étrangers du 12 juin, une nouvelle loi a été signée par le président Nazarbayev introduisant un lot d’exemptions fiscales sur 10 ans et la levée des quotas de main d’œuvre étrangères pour les projets d’investissement supérieurs à 20 millions de dollars. Cette loi, qui répond en partie aux requêtes du Medef lors des précédentes réunions du Conseil des affaires franco-kazakhstanais (CAFK), s’est accompagnée d’une exemption unilatérale des visas court séjour (15 jours) pour les ressortissants de 10 pays, dont la France.
Ces mesures s’ajoutent à la probable ouverture prochaine d’une ligne Astana-Paris, suite au retrait en mars d’Air Astana sur l’annexe de la liste noire de l’UE pour les compagnies aériennes. Le sujet a été abordé le 10 juin en marge des réunions du BIE lors d’une rencontre entre M. Idrissov et Laurent Fabius, en compagnie de Jacques Audibert, conseiller de François Hollande pour les questions multilatérales, et de Yves-Louis Darricarère, coprésident du CAFK et président de Total Upstream. M. Idrissov a reçu à cette occasion l’accord de principe de Laurent Fabius, à la condition qu’un accord bilatéral de services aériens soit signé, ouvrant ainsi la réciprocité de droit à Air France, même si cette dernière n’a pas manifesté pour le moment d’intérêt.
D’ici la fin de l’année, plusieurs échéances clé devraient encore jalonner la relation bilatérale entre la France et le Kazakhstan : l’organisation du 7ème CAFK et de la 11ème Commission mixte franco-kazakhstanaise, la nomination d’un représentant spécial de la France pour l’EXPO-2017 et la préparation d’une éventuelle visite d’État de François Hollande à Astana, repoussée depuis plusieurs mois, mais de nouveau discutée lors de la réunion du 10 juin. L’occasion peut-être pour les entreprises françaises de réduire leur retard sur leur concurrents, notamment britanniques.
Antoine Lury
* Lire : EXPO-2017 : Bercy teste au Kazakhstan une nouvelle offre groupée « ville durable »