Le troisième baromètre CCI International/Opinion Way sur « les PME-ETI françaises et l’internationalisation », dont les résultats doivent être dévoilés le 29 juin prochain à l’occasion de la convention annuelle des chambres de commerce et d’industrie (CCI) et des CCI françaises à l’étranger (CCIFI), livre ses bons comme ses mauvais signaux, selon les résultats que la Lettre confidentielle a pu consulter en avant-première. Un des résultats montre notamment que pas plus d’une entreprise non-exportatrice sur cinq est capable de citer spontanément un des organismes de l’Équipe de France à l’export…
Ce baromètre a été élaboré à partir d’une étude quantitative d’Opinion Way sur un échantillon de 1002 dirigeants d’entreprises françaises de plus de 20 salariés, avec une pondération en terme de secteurs d’activité, de tailles d’entreprises et de régions (les 13 futures grandes régions administratives). L’enquête a été menée du 25 avril au 20 mai 2015.
Comme de tradition, commençons par les mauvais signaux : seulement 43 % des entreprises interrogées ont déjà une activité à l’international, qu’il s’agisse d’exportation ou d’implantation (32 % ont un CA export, 26 % sont implantées à l’étranger), contre 57 % qui n’en affichent aucune. Si le taux monte, toutefois, à 61 % pour les ETI (plus de 250 salariés), ce résultat montre que le tissu économique français des PME est loin encore d’avoir basculé dans une dynamique commerciale d’internationalisation, malgré les efforts déployés par les réseaux publics et privés.
Autre signal négatif : qu’elles soient internationalisées où non, les PME et ETI continuent à méconnaître les organismes d’accompagnement à l’international censés les y aider. Si le réseau consulaire tire mieux son épingle du jeu que d’autres, les taux de notoriété spontanée ne dépassent pas 20 % –une entreprise sur cinq, donc- et sont même en léger déclin par rapport au baromètre 2014 pour les têtes d’affiche.
Ainsi, les CCI obtiennent le meilleur score de notoriété spontanée avec 16 % des entreprises interrogées qui les citent (24 % en 2014), et le taux monte à 21 % chez les entreprises déjà présentes à l’international, ex æquo avec Coface. Suit Coface avec 14 % (16 % en 2014). Business France n’est cité que par 8 % des interrogées (10 % en 2014) et 14 % des internationalisées, au coude à coude avec les banques/organismes financiers (7 % en 2015 après 8 % en 2014, et 12 % auprès des internationalisées), alors que la BPI (Bpifrance) n’est cité que par 5 % des interrogées, au même niveau qu’en 2014, et 8 % des internationalisées. Les CCIFI ont également un déficit de notoriété spontanée sur l’international en France en n’étant citées que par 5 % des interrogées et 7 % des internationalisées.
A noter que plusieurs autres organismes ou institutions désormais impliqués dans l’accompagnement export ou la diplomatie économique sont en dessous des 2 % de notoriété spontanée : ambassades et consulats, conseil régionaux, ministères des Affaires étrangères, Medef, consultants privés… Pis, près de la moitié des entreprises affichant déjà une activité à l’international ont été incapables de citer spontanément le nom d’au moins un organisme accompagnant les entreprises dans le développement international…
Les bons signaux viennent au fond des entreprises elles-mêmes : une majorité d’interrogées – 75 %- estiment qu’être présente à l’international est un atout pour innover, ce qui conforte les discours martelés et les politiques publiques menées ces dernières années, liant l’innovation et l’internationalisation. Autre bon signal : 95 % des entreprises interrogées ayant un chiffre d’affaires à l’international en sont d’autant plus satisfaites qu’elles prévoient de faire au moins aussi bien dans les deux ans qui viennent, voire mieux (pour 35 %). Et, 15 % des entreprises interrogées qui n’exportent pas encore veulent s’y mettre.
En attendant les conclusions qu’en tireront, pour leur part, les chambres de commerce en France et à l’étranger, une s’impose : l’Équipe de France à l’export a du pain sur la planche pour accélérer l’internationalisation du tissu de PME et d’ETI. Elle doit mieux se faire connaître –par encore plus de simplification ?-, et, d’évidence, encore faire mieux pour convaincre les indécises de franchir le pas de l’international…
Christine Gilguy
Pour prolonger:
Sur le Baromètre CCI International 2014, lire : Aides à l’export : les entreprises ne sont pas suffisamment bien informées (OpinionWay/CCI International)