« American companies need the Ex-Im Bank » : c’est le titre d’un communiqué très inhabituel diffusé le 20 septembre par un comité de soutien à l’Export-Import Bank, l’agence de crédit export des États-Unis, une institution financière fédérale chargée de fournir des soutiens financiers aux exportateurs américains, et que Le Moci, abonné aux communiqués de l’institution fédérale américaine, a reçu.
American companies for the Ex-Im Bank est un comité de soutien formé par Gregory Sandler, un entrepreneur à la tête d’un groupe spécialisé sur les services aux sociétés dans l’import ou l’export, ThinkGlobal, éditeur, aussi, d’un magazine spécialisé Export USA. Son objectif : soutenir l’Ex-Im Bank, récemment fragilisée par une virulente attaque des républicains conservateurs au Congrès. L’initiative est suffisamment inhabituelle pour qu’elle ait fait l’objet d’un article sur un blog du Wall Street Journal.
Son message, qui inclut un lien vers un site pour récolter dons et soutiens, marque en fait le lancement d’une véritable campagne auprès des entreprises américaines – une première là aussi- alors que l’Ex-Im Bank est menacée dans son existence par le Congrès américain, plus particulièrement les élus républicains.
Ces derniers contestent son utilité et lui reprochent de financer avec l’argent du contribuable de grands groupes qui n’en auraient pas besoin comme General Electric ou Caterpillar, ses plus importants clients avec Boeing.
Les soutiens de l’institution -dont fait partie le président Obama– mettent en avant, eux, la « chaîne de valeurs » que ces grands groupes alimentent sur le territoire américain avec tous leurs sous-traitants. L’an dernier, elle a ainsi participé à 37,4 milliards de dollars de transactions à l’export et estime avoir ainsi soutenu 1,2 million d’emplois aux États-Unis.
L’enjeu est loin d’être négligeable pour les exportations américaines : l’Ex-Im Bank intervient sous la forme d’assurance-crédit, de prêts ou de garanties pour soutenir les opérations d’exportation des entreprises américaines. A l’instar des 60 agences de crédit export que compte le monde -en France Coface pour l’assurance-crédit et les cautions, et peut être bientôt Bpifrance pour les financements export-, elle assure les exportateurs contre le risque d’impayé, fournit des garanties aux banques qui financent les exportations et prêtent à des acheteurs de produits américains.
Le débat au Congrès fait rage depuis l’été et s’est terminé, faute d’un accord, par le vote, la semaine dernière, d’une autorisation d’intervention de neuf mois au lieu d’une autorisation pluriannuelle sur cinq ans à la chambre des Représentants. « Un sursis » estime le comité de soutien. « Durant ses 80 années d’existence, l’Ex-Im Bank a été autorisée 16 fois, toutes avec de larges majorités bipartisanes (…) Durant tout ce temps, cinq ans a été la période d’autorisation la plus typique » plaide-t-elle.
Inédit dans l’univers du crédit export, ce débat et ses péripéties devraient être suivis de près par les autres États disposant de telles institutions. Il y a 4 ans déjà, les compagnies aériennes occidentales avaient obtenu la fin des conditions avantageuses de financement accordées aux compagnies émergentes pour acheter des avions Boeing ou Airbus par les agences de crédit export des pays d’origine de ces industries*…
Christine Gilguy
*Relire : Aéronautique : nouvel accord international sur les crédits export